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Solutions. Comment s'établissent aujourd'hui, les relations
entre SSII et DSI ?
Jean-Marie Letourneux. Les relations entre DSI et SSII ont évolué en
même temps que le rôle du DSI dans son entreprise. Il
y a quelques années, les choix étaient très portés sur
les aspects techniques des solutions, les discours étaient
donc technologiques. Aujourd'hui, le DSI est au comité
de direction voire au comité exécutif. Sa direction
lui demande de justifier ses investissements. Les SSII
doivent lui fournir des éléments, des benchmarks par
exemple, afin de justifier ses investissement vis à
vis de sa direction.
Dans ce cadre, l'application de méthodes comme ITIL
ou la mise en place de processus industriels et standards
ont permis de rationaliser les discours vis à vis du
DSI. Le TCO aussi en analysant les coûts complets. Cela
rend plus objective la relation entre le DSI et la SSII
et permet aussi de discuter finalement des vrais projets,
ceux présentant un intérêt industriel fort.
La
perception de l'informatique a-t-elle changée après
la crise ?
Avant la bulle, l'informatique représentait un coût
pour l'entreprise, une charge dont on ne voyait pas
forcément l'intérêt stratégique. Pendant la bulle, au
contraire, nous étions dans un modèle où l'on pensait
que la technologie allait révolutionner tout. Aujourd'hui,
je crois que les entreprises mesurent bien ce que peut
apporter la technologie sans en faire un tout. Nous
parlons de reprise raisonnée des investissements informatiques,
une reprise non fondée sur une mode technologique. Les
DSI avec lesquels nous parlons lancent des projets issus
d'une réflexion profonde avec leurs directions. Avant,
ces projets auraient été lancés seulement à l'initiative
du DSI.
Qu'est-ce qui justifie ce
changement d'attitude ?
La démarche d'infogérance qu'entreprennent
aujourd'hui les directions informatiques ont notamment
amené ces enjeux de transformation. Comme beaucoup d'entreprises
ont eu recours à l'infogérance, elles se sont libérées
d'une tache quotidienne, libérant du temps au DSI pour
se repositionner au bon niveau. A l'origine la démarche
d'infogérance consistait principalement à réduire les
coûts, mais son autre avantage aura été de dégager la
responsabilité de la direction informatique de la partie
technique de son système d'information.
Assiste-on à d'autres mouvements
de fond ?
Le DSI faisait, maintenant il fait faire.
D'une manière générale, les directeurs informatiques
achètent moins de conseil, mais consomment plus des
services directement opérationnels. Ils recherchent
des sous-traitants capables de prendre de vraies responsabilités.
Le modèle de la SSII généraliste a beaucoup évolué.
Le client se tourne vers une approche sélective, choisissant
les compétences les plus pointues dans un domaine précis.
Il juge le prestataire à la fois sur les références
et sur la mise en uvre.
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L'infogérance
doit permettre aux DSI d'obtenir une meilleure
maîtrise de leur informatique" |
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Quels sont les arguments
qui rassurent les DSI dans le cas d'un contrat d'infogérance
?
Il faut être capable de tenir des délais,
et de le faire dans un cadre forfaitaire à engagement
de résultats. A une époque, beaucoup de DSI appréciaient
la régie. Cela correspondait alors à un schéma où le
DSI réalisait lui-même les projets, faisant appel à
du renfort sur des compétences données.
Dans un contrat d'infogérance, les directeurs informatiques
confient la partie qu'ils souhaitent confier et qui peut
être confiée. L'infogérance doit leur permettre de réduire
les coûts et aussi d'obtenir une meilleure maîtrise de
leur informatique. Nous incitons les clients à se doter
d'une maîtrise d'ouvrage renforcée et à être vigilant
au niveau du contrôle. Ce n'est jamais global, l'informatique
métier reste chez le client.
Comment les SSII se sont-elles
adaptées au phénomène de baisse des prix de ces dernières
années ?
Cette tendance a trouvé ces limites.
Il a fallu trouver des alternatives mais nous avons
été moins touché que certains. La baisse des prix ciblait
en premier lieu l'assistance technique ou les contrats
de régie. Pour les SSII positionnées sur les niches,
l'expertise reste relativement chère. Il y a eu une
prise de conscience des DSI que l'ingénieur n'est pas
une donnée comparable à une matière première. La qualité
du travail dépend du prix à payer.
Vous avez rédigé un document
de bonnes pratiques, en quoi consiste-t-il ?
Cela correspond à une approche très industrielle
des services informatiques au travers un plan de progrès.
Ce que nous avons formalisé, c'est une démarche à trois
niveaux majeurs : une optimisation permanente de la gestion
des systèmes d'informations, soit dans le cas de l'infogérance
être capable de proposer de l'optimisation de la production
informatique, du pilotage effectif en aidant le directeur
informatique à mieux contrôler ses investissements, et
le niveau stratégique où l'on cherche à démontrer l'intérêt
stratégique pour l'entreprise dans nos contrats. Cette
démarche reste progressive, en partant de la technique
pour aboutir à l'aspect stratégique. |