BILAN 2005 
 
Dominique Raviart
Analyste senior
Ovum
Dominique Raviart
"La concentration dans les services n'a pas été aussi importante que dans le logiciel"
2005 aura été marquée par une reprise en pente douce des investissements informatiques. La consolidation des acteurs français se fait attendre dans les services.
23/12/2005
 

Bilan 2005 Sommaire

JDN Solutions. Quels sont les principaux événements marquants de cette année 2005 ?
Dominique Raviart. La grande tendance est le redémarrage des activités de conseil et d'intégration qui retrouvent une nouvelle impulsion depuis l'éclatement de la bulle Internet. Alors que la sortie de crise s'est doucement amorcée, le prix des prestations n'a pas subi de hausse démesurée et est resté à un niveau raisonnable.

Le volume des prestations a augmenté plus rapidement que la tarification. La croissance du recours aux services informatiques reste cependant molle, elle a été évaluée entre 4% et 5% cette année en Europe, loin de celle observée dans le domaine des progiciels de gestion intégrés à la fin des années 1990.

Par ailleurs, la concentration dans le secteur des services informatiques n'a pas été aussi importante - cette année - que celle observée dans le segment du logiciel. Le marché logiciel a connu des phases constantes de consolidation et de croissance par acquisition et une course effrénée à la base installée, tandis que celui des services s'oriente plus vers une logique d'acquisition par grands contrats d'outsourcing ou vers une expansion géographique.

On peut également constater un manque de grands projets moteurs de la part des entreprises qui font preuve d'une politique d'investissements réduits. Quant à l'explosion annoncée de la demande des petites et moyennes entreprises en matière d'infrastructures, de services et d'applicatifs, elle n'a pas eu lieu. Le marché de la petite entreprise reste donc toujours le Saint Graal de la prestation de services informatiques.

Comment a évolué le marché des services informatiques en 2005 ?
La consolidation dans le domaine des services informatiques reste une tendance de fond. La plupart des opérations reste cependant de petite ou moyenne envergure. Il est clair que les principales SSII françaises souhaitent conserver leur indépendance.

Les principales SSII françaises souhaitent conserver leur indépendance"
En conséquence, nous ne prévoyons pas en 2006 d'opération de la même envergure que LogicaCMG/Unilog. Ceci dit, les exemples d'Unilog en France ou de Gedas en Allemagne montrent que lorsqu'un patron d'une SSII importante souhaite vendre, il trouve preneur.

Les sociétés de service étrangères ont dans l'ensemble modifié leur stratégie d'expansion et préfèrent racheter des actifs d'une société à l'occasion d'un grand contrat d'outsourcing, principalement d'outsourcing d'infrastructure.

Et en termes de croissance ?
Le marché de l'outsourcing, traditionnellement le moteur de croissance des services informatiques, a connu au Royaume-Uni une croissance soutenue, comprise entre 8% et 9%, alors que celle de la France se situe légèrement en deçà, plutôt aux alentours des 7%.

En France comme au Royaume-Uni, les grands contrats tirent la croissance du marché. Ceci dit, les problématiques d'un pays comme le Royaume-Uni sont différentes de celles rencontrées en France. Le secteur des services financiers au Royaume-Uni a, dans les années récentes, préféré certaines formes d'outsourcing de fonctions administratives. Ce phénomène n'existe pas en France.

Les grands comptes français ont-ils beaucoup externalisé en 2005 ?
Renault a été la seule société à avoir réalisé un contrat d'outsourcing [ndlr : pour près de 590 millions d'euros] avec trois grands acteurs internationaux de la prestation informatique : Atos Origin, HP et CSC. Ce contrat, qui porte notamment sur la gestion du parc applicatif, l'administration des postes de travail et l'exploitation de l'informatique, est la seule opération d'envergure qui ait été réalisée en France cette année dans ce domaine.

Les banques françaises ont toujours tendance à garder la mainmise sur leur applicatif"
Le marché de l'outsourcing français ne sera jamais le même que celui de nos voisins européens car les modes d'adoption sont différents. Par exemple, dans le domaine financier, les grandes banques françaises ont tendance à conserver la mainmise sur leurs applicatifs car il existe un besoin traditionnel à ce que l'informatique soit proche des métiers, dans toutes les acceptions du terme.

A l'inverse, ABN-Amro n'a pas hésité à franchir le pas cette année en confiant notamment ses développements applicatifs à cinq prestataires, pour 1,8 milliard d'euros en septembre dernier. Les contrats d'outsourcing en France sont plus longs à mettre en place que chez nos voisins britanniques. Ceci dit, les donneurs d'ordres français bénéficient des meilleures pratiques et de l'expérience accumulée par les entreprises anglo-saxonnes.

Quelles autres opérations financières vous ont le plus marqué en 2005 ?
Concernant les sociétés de services, Sopra a réalisé deux belles acquisitions [NDLR : PROFit en Espagne et Newell&Budge au Royaume-Uni], montrant sa volonté de monter en puissance sur la marché international. En France, le fait notable reste cependant la vente d'Unilog à LogicaCMG. En Allemagne, on assiste à l'acquisition de Gedas par T-Systems qui procure enfin au géant allemand une présence hors de son pays d'origine et notamment en Espagne.

On notera également l'accord entre le ministère britannique de la défense et EDS pour 5,9 milliards d'euros sur 10 ans, le plus gros contrat de l'année en Europe. Citons enfin le contrat entre Pearl Group et Tata Consultancy Services pour 700 millions d'euros. Avec Pearl, TCS a remporté le plus grand marché jamais conquis par un groupe Indien et cela, quelques mois seulement après avoir remporté un contrat de 200 millions d'euros avec ABN AMRO.

Quel est votre ressenti en matière de recrutement ?

Bilan 2005 Sommaire

Les recrutements dans le secteur informatique ont redémarré afin, notamment, de combler une accélération du turn-over des ingénieurs et de suivre la croissance - molle - du secteur. Cette tendance - qui va encore s'accentuer au cours des années prochaines - s'est d'ores et déjà bien engagée en 2005.

 
Propos recueillis par Dominique FILIPPONE, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Dominique Raviart est analyste senior au sein du cabinet d'études Ovum depuis 2004. Il a en charge les thématiques liées à l'externalisation, tout particulièrement en France.

Il est titulaire d'un MBA de l'université de Caroline du Sud.

   
 
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