INTERVIEW 
 
Didier Neyrat
PD-G
Cadextan
Didier Neyrat
"Un nouvel équilibre des rémunérations est en train d'émerger"
Pour le responsable de la SSII, les certifications, l'autoformation et la double compétence sont les clés d'une meilleure employabilité.
27/07/2006
 
JDN Solutions. Quelle est la tendance actuelle des rémunérations dans les SSII ?
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Didier Neyrat. Nous avons une vision un peu particulière car nous sommes focalisés sur les profils Bac+5. Notre visibilité sur les autres profils est donc nécessairement moindre. Cette année nous avons examiné 1 500 dossiers de candidats, ce qui nous permet de dégager une tendance. Tendance qui fait apparaitre une tension sur les salaires, et sur certaines catégories de compétences plus particulièrement convoitées.

Un nouvel équilibre est en train de se mettre en place. Les salaires étaient à la baisse de fin 2001 jusqu'à fin 2003. Toutefois, déjà en 2003 nous avions noté quelques secousses. Et à présent, les rémunérations sont de nouveau à la hausse. Les SSII sont prêtes à payer plus, notamment parce que leurs clients sont plus exigeants en termes de compétences, mais aussi parce qu'ils acceptent plus facilement des hausses de prix.

Entre 1999 et 2000, on avait déjà constaté une flambée des rémunérations pour les personnes issues des grandes écoles. C'est de nouveau le cas actuellement, avec des prétentions salariales souvent exagérées. On a ainsi des candidats qui sortent tout juste de l'école et qui pourtant demandent des rémunérations équivalentes à celles de profils bénéficiant déjà de 3 ans d'expérience.

Pour le moment, les SSII restent dans l'ensemble assez fermes, même si pour attirer les candidats elles font parfois quelques concessions. Toutefois, il faut se montrer prudent et ne pas céder trop vite et trop. Il y a un réel risque de dérapage, avec une croissance importante de la masse salariale.

Une flambée des rémunérations pour les personnes issues des grandes écoles."
En ce qui concerne les ingénieurs et les Bac+5 issus de filières universitaires techniques, on relève aussi une tension, mais sensiblement moins forte que celle affectant les diplômés des grandes écoles. Et pour les Bac+4 ne disposant pas de compétences rares ou sollicitées, la hausse des salaires est relativement faible.

Quelles sont les conséquences d'une forte hausse des rémunérations à l'embauche ?
On est dans un cycle où les débutants arrivent avec des salaires équivalents à un an d'expérience. L'effet immédiat est un impact sur la masse salariale globale. On est obligé en effet de porter attention aux autres profils déjà en poste dans l'entreprise, et de procéder à des ajustements.

Cet ajustement au marché a conduit à une augmentation de la masse salariale depuis 2 ans. Les collaborateurs possédant de 1 à 3 ans d'expérience professionnelle ont ainsi vu leurs rémunérations progresser de 15 à 20 %. Nous nous efforçons de suivre la tendance du marché pour pouvoir continuer de recruter, mais sans pour autant être déraisonnable. Il y a un véritable risque de cercle vicieux dans le cas contraire.

Nous faisons donc le point avec chaque salarié, en tenant compte de sa progression, de la relation expérience-diplôme et de la valeur du marché, afin de conserver une homogénéité dans l'entreprise. Pour ne pas perdre les "anciens", il est nécessaire de les valoriser. Mais il s'agit également beaucoup d'une politique d'accompagnement dans le temps.

Quelle autre tendance forte apparait sur le marché de l'emploi des SSII ?
Le patron du Syntec évoquait récemment la pénurie qui touchera certains profils d'ici 4 à 5 ans. Une carence dont la première conséquence sera la cohabitation de chômeurs en informatique et d'autres, au contraire très recherchés.

Quelles mesures prendre pour anticiper cette pénurie ?
Cela passe principalement par la formation. C'est pourquoi nous dépensons beaucoup en formation, au travers de ce que nous nommons l'université interne. Comme nous nous consacrons exclusivement au secteur de la finance, nos formations portent sur ce dernier, sur les techniques liées aux différents métiers et processus de la finance, et aussi sur l'anglais.

Nous avons également mis en place un système de certification avec des organismes extérieurs. Cela permet de bénéficier d'une meilleure crédibilité aux yeux des clients et contribue fortement à les rassurer. Ils sont plus confiants à l'égard des profils que nous leur proposons, si ces derniers sont certifiés.

La double compétence offre la possibilité d'évoluer plus facilement, voire de changer de métier."
Dans le secteur informatique, nous sommes engagés dans une course sans fin concernant les technologies. Il faut faire en sorte de sans cesse se renouveler et de ne surtout pas rester sur des technologies obsolètes ou en voie d'obsolescence. PowerBuilder par exemple est de moins en moins demandé, comme certains autres langages de quatrième génération.

Actuellement, si on ne dispose pas de compétences Java, .Net, C++ ou encore JavaScript, il est nettement plus compliqué d'évoluer. Cobol reste en revanche toujours recherché, mais principalement parce qu'il existe encore d'importants besoins en maintenance.

Nous faisons également en sorte de développer la double compétence, en vue de compléter la technique par une compétence fonctionnelle.

Les salariés s'engagent-ils naturellement dans cette démarche de formation continue ?
Une bonne partie le fait car cela présente un intérêt immédiat, et l'autre au contraire estime que cela relève de la responsabilité de l'entreprise. Il n'y a donc pas toujours une prise de conscience sur ce plan, et ce même si dans la pratique, les salariés ne s'impliquant pas dans ce processus de formation, se pénalisent directement. Nombre de tâches sont appelées à être soit automatisées, soit externalisées dans les années à venir.

La formation est certes avant tout le rôle de l'entreprise, mais cependant, les travailleurs eux-mêmes doivent contribuer à cette démarche. Ils doivent penser à s'autoformer. Ils ne peuvent s'en affranchir compte tenu de l'évolution rapide des technologies. Pour les salariés, cela consiste à adapter les technologies à des politiques métiers. Si vous multipliez les compétences coordonnées entre elles, vous augmentez leur valeur et votre employabilité.

La double compétence accroit la valeur. Elle offre la possibilité d'évoluer plus facilement, voire de changer de métier. Ce qui à l'heure actuelle s'avère relativement complexe. Grâce à des formations ou des certifications purement fonctionnelles, il est possible d'évoluer, de basculer dans les sociétés utilisatrices et de rentrer dans des métiers fonctionnels et non plus informatiques.

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A titre d'exemple, tout candidat Bac+5 avec une bonne expérience en Java, qui serait intéressé par la finance, a toutes ses chances d'entrer dans le secteur même s'il ne bénéficie pas d'une expérience spécifique. Il lui faudra toutefois être désireux d'acquérir une véritable double compétence et de s'engager dans des formations ou des initiatives de certification.

 
Propos recueillis par Christophe AUFFRAY, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Didier Neyrat, 43 ans, est président de Cadextan depuis 2002

1999 Directeur général de GTI Consulting
1996 Directeur Bull France
1993 Directeur adjoint pour "Industry Business Unit"
1991 Co-fondateur & Directeur IT de Crossing
1987 Project manager & consultant de Genicorp

   
 
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