Yann Descamps (PAP) : "Nous migrons en 2 temps vers les technologies Open Source"

Comment s'organise l'équipe technique qui s'occupe du site "De particulier à particulier" ?

Je suis responsable de l'équipe de production et d'exploitation, où nous sommes actuellement 4 personnes. Nous disposons de profils autant dans le monde Windows que Linux. Mais il faut savoir que PAP, c'est actuellement une dizaine de sites en ligne traitant de divers sujets sur l'immobilier : immoneuf, pap, papvacances…

Notre activité sur Internet remonte à 1997, et depuis cette date là nous sommes toujours sur un secteur en progression. Deux autres équipes participent à la gestion de nos sites Internet : l'équipe chargée de l'interface Web et l'équipe back office. L'enjeu est actuellement de rajeunir nos sites, aussi bien en termes d'ergonomie que de technologies.

Nous avons changé le langage de développement Clipper pour un langage plus souple qu'est Delphi. D'autre part, nous avons migré nos anciennes bases DBX pour SQL Server. DBX était une vieille technologie de base de données séquentielle, assez proche finalement d'Access. Sur la partie hébergement, nous migrons vers des solutions Open Source.

Nous sommes déjà passés sur du Apache Windows, pour pouvoir ensuite migrer plus facilement vers du Apache Linux. Quelques sites se trouvent déjà sur du Linux Debian avec une plate-forme LAMP. De ces expériences, nous avons eu de très bons retours, ce qui a lancé les grands travaux de migration en 2 temps.

Ce choix de migrer en 2 temps s'explique par notre souhait de pouvoir garder l'intégralité des liens vers le back-office fonctionnel, du moins jusqu'à ce que nous ayons adapté aussi le back office pour travailler de concert avec des technologies Open Source. A la rentrée prochaine, nous devrions lancer un nouveau site PAP.fr, avec des évolutions courantes sur nos rubriques mais aussi le passage d'une technologie ASP vers PHP.

Votre back-office va-t-il suivre cette évolution vers l'Open Source ?

Ce n'est pas envisagé, pour des questions liées aux utilisateurs. En effet, nous venons d'investir beaucoup de temps déjà pour redévelopper toutes nos applications en Delphi. Repartir tout de suite dans un développement en logiciel libre serait un frein énorme.

Pourquoi cette migration vers l'Open Source ? Est-ce une question de coûts des licences ?

Oui, évidemment. A l'époque, nos sites ne nécessitaient que 4 serveurs pour fonctionner. Ils étaient donc facilement finançables. Maintenant que l'on atteint la quinzaine de serveurs Web, plus les serveurs de bases de données, nous en sommes à près de 50 serveurs au total. Au problème de la quantité s'est ajouté le coût de migration relativement élevé vers Windows Server 2003, et un problème de dépendance vis-à-vis des patchs de sécurité Microsoft.

Il y a aussi dans ce choix, une prise de conscience de la richesse du logiciel libre et du fait que cela limiterait nos coûts de production. Les produits sont arrivés à maturité et peuvent même être des fois plus fiables que des logiciels propriétaires.

La base de données sera-t-elle aussi Open Source ?

Ce sera discuté, mais seulement une fois que nous serons intégralement sous Apache / PHP et Linux afin de préparer les mécanismes de migration entre les deux bases de données. Cette migration demande beaucoup de temps, et ce temps consacré à la migration est du temps en moins pour pérenniser les applications.

Comment est organisée la direction informatique ? Qui coordonne l'informatique de PAP ?

Nous sommes liés directement à la direction générale pour la stratégie Web. Auparavant, notre fonctionnement était plus classique avec un directeur informatique qui rendait compte à la direction générale. Désormais, chaque entité du pôle informatique dispose d'un responsable qui dialogue avec la direction générale.

Cette organisation est plus souple. Nous pouvons initier les réunions et résoudre les petits problèmes plus rapidement. Nous gagnons aussi en initiative dans les projets. C'est presque collégial comme méthode de management en fait puisque chacun apporte sa pierre. Nous avons aussi la chance d'avoir une moyenne d'âge assez jeune dans l'entreprise ce qui facilite ce mode d'organisation.

Qu'avez-vous réalisé comme développements Web 2.0 sur PAP ?

Les sites Immoneuf et Papvacances sont interfacés par exemple avec le système de géolocalisation de Google Earth. Ce système permet aux gens de localiser les biens qui les intéressent et de faire ensuite une recherche de proximité. Par exemple, si vous recherchez un appartement sur Paris, vous aurez la localisation de tous les biens immobiliers proches du lieu de votre choix.

D'une manière générale, nous essayons de donner plus de choix à l'utilisateur. Un internaute qui souhaite louer un bien peut, sur PAPvacances, définir un tarif de location différent par semaine, effectuer des promotions… Nous leur proposons aussi un outil simple pour gérer leur espace personnel en complément de leur annonce.

Avez-vous une forte problématique de gestion de la montée en charge sur vos sites ?

Il faut savoir que même si les annonces en ligne sont publiées en 10 minutes après leur saisie, nous enregistrons toujours de gros pics de connexion lors de la sortie du journal le jeudi. La charge supplémentaire évolue en fonction des périodes mais en général, elle se situe entre 20 et 30%. Nous avons donc mis en place une solution de répartition de charge Alteon depuis 2002 sur nos serveurs Web. Depuis l'année dernière, nous avons également placé une solution de répartition de charge entre deux opérateurs télécoms différents.

Enfin, nous disposons d'un plan de reprise d'activité. Le premier test nous plaçait entre 1 heure et 2 heures pour rétablir l'activité en cas de panne. Attention, il ne s'agit pas de rétablir l'ensemble des fonctions dans cet intervalle de temps, juste d'avoir une visibilité sur Internet et de pouvoir enregistrer les annonces par téléphone.

Quels sont vos projets pour l'année en cours ?

Achever d'ici la fin de l'année la migration d'ASP vers PHP et d'IIS vers Apache. Autre projet, nous allons augmenter la densité de nos serveurs en passant du 1U classique vers des solutions lames. Le coût est moindre et ils offrent une meilleure souplesse.

La virtualisation nous intéresse mais les technologies sont encore un peu fraîches. Nous les observons avec intérêt toutefois. Plutôt qu'une parallélisation des tâches, nous nous intéressons à la distribution de la charge. Il faut pouvoir penser non pas en serveur mais en instance de sites Web à terme.