Laurent Chollat-Namy (Adenclassifieds) : "La refonte du site permettra d'utiliser les techniques Web 2.0"

Quels sites se regroupent désormais sous la même enseigne Adenclassifieds ?

Adenclassifieds est le regroupement de plusieurs sites dans le secteur de l'emploi, de la formation et de l'immobilier. La fusion a eu lieu il y a quelques mois de cela et a été suivie d'une entrée en bourse du groupe Adenclassifieds en avril dernier.

La fusion opérationnelle des équipes s'est terminée au dernier trimestre 2006. Dans le secteur de l'emploi, nous représentons 7 millions de visiteurs mensuels et proposons 100 000 offres d'emploi.

Combien de personnes au sein d'Adenclassifieds travaillent sur la partie informatique ?

Nous avons regroupé les équipes autrefois dédiées par site afin de retirer au plus vite les fruits naturels de la mutualisation. L'effectif de 50 personnes se répartit en 3 pôles : le développement pur avec 16 personnes, la technique pour les parties exploitation, production, hébergement et la R&D. Et enfin le pôle Web, constitué de 20 personnes, qui prend en charge le webmastering, le webdesign et le référencement.

Nous avons la chance au travers de cette fusion de récupérer beaucoup de compétences pointues en matière de développement et de technologies. La tendance générale sur presque l'ensemble des sites est au développement en Java.

Il y a néanmoins un travail de cohérence et de convergence à mettre en place pour tendre vers une plate-forme plus homogène permettant de rationnaliser les efforts de développement et de gagner en réactivité. L'idée est par exemple de n'avoir qu'un espace Pro commun à l'ensemble des sites afin que le pilotage en back-office se réalise depuis une interface unique.

L'architecture sera elle aussi soumise à ce besoin de convergence ?

Actuellement nous faisons appel à trois hébergeurs différents : Colt, Prosodie et Completel. Il y en a aura forcément un de moins dans les prochains mois, mais non nécessairement un unique pour l'ensemble de la plate-forme, pour des raisons d'ordre pratique.

Au-delà de la convergence, nous identifions les briques communes afin de ne pas multiplier les connaissances et le nombre d'outils distincts répondant à un même besoin. Le search en est une. Ce sont des techniques présentes sur le marché et qui peuvent être appliquées aux différents sites d'emploi, voire à l'immobilier et à la formation. Nous utilisons actuellement 2 outils de search : Lucene qui est en Open Source et pour lequel nous avons développé une couche supplémentaire et Sinequa pour les services immobiliers et de CmonJob.

Parmi ces briques transversales amenées à converger naturellement sur une plate-forme commune, figurent également la géolocalisation et surtout l'agrégateur de flux utilisé pour récupérer et gérer les différents flux d'annonces. Aujourd'hui, des techniques différentes sont mises en œuvre. Elles seront réunifiées. Un logiciel unique saura gérer les flux d'annonces quel que soit le secteur.

Ces opérations de convergence sont d'ores et déjà enclenchées. Cela consiste concrètement à prendre les techniques en production d'un des sites et à les déployer sur les autres. Pour l'agrégation des flux, c'est l'outil historique de Keljob, développé en interne en C qui sera ainsi mutualisé.

Quel sera le choix en ce qui concerne la gestion de contenu ?

La brique CMS est elle aussi transversale. Nous avons fait le choix du produit Open Source Typo3, déjà déployé sur Keljob. L'homogénéisation du CMS concernera également Explorimmo qui n'utilise pas encore d'application de CMS, mais un développement spécifique.

Quels seront les effets de cette mutualisation sur le parc de serveurs ?

Dans la mesure où l'on vise un regroupement au sein d'une même plate-forme technique, la question du nombre de serveur va s'évacuer avec l'eau du bain si je puis dire. Lorsque la plate-forme aura été définie, chaque convergence cible fera que des serveurs disparaîtront. En travaillant sur la convergence, le nombre de serveurs Web, de serveurs d'application et de bases de données baissera, mais ce n'est pas une fin en soi. L'objectif, c'est une mise en production plus simple.

Quel est le calendrier pour parvenir à cette plate-forme mutualisée ?

La cible doit être déterminée mi-juin. La plate-forme devrait quant à elle être opérationnelle en 2008. C'est un chantier prioritaire pour lequel nous pourrions envisager de dédier une équipe projet afin que la conduite n'impacte pas le cycle de vie des services.

Allez-vous privilégier une architecture Windows ou Linux ?

Keljob est plutôt historiquement Windows, tandis que Cadremploi tourne sur une architecture Linux Debian. Nous allons privilégier d'un point de vue technique la solution la plus en adéquation avec les compétences dont nous disposons en interne. A priori, nous opterons pour Debian et Tomcat ou Resin en serveur d'application.

Et du côté des bases de données ?

Nous avons des bases Oracle, SQL Server et MySQL. Nous allons également rationaliser, et vraisemblablement partir sur du MySQL pour une question de maîtrise en interne. Nous avons une bonne connaissance des architectures à base de Linux, MySQL et Apache.

Il est nécessaire d'homogénéiser les savoir-faire. La structure en place exige déjà de la polyvalence, mais en rétrécissant l'éventail des technologies, nous serons en mesure d'être plus réactifs. Il sera en outre plus aisé d'optimiser la formation des membres des pôles IT.

Est-ce que cette démarche de convergence ne risque pas de conduire à une stagnation des sites ?

Non puisque nous continuons à agir, notamment grâce à la mise à disposition de briques transversales, comme l'agrégateur. Cela permet de faire profiter les différents sites des bonnes idées de chacun. De plus, l'harmonisation entreprise sur la plate-forme se fait en parallèle et non au détriment de la vie de nos services en ligne. Ce serait un tort que de se figer. La pression sur les développements est donc clairement maintenue.

Quelles sont les préoccupations au quotidien pour des sites d'annonces en ligne ?

Comme pour tout site à forte audience et s'appuyant sur des back-office très forts, c'est le bon fonctionnement de ces derniers, la stabilité et la disponibilité, ainsi que la capacité à envoyer des alertes à nos utilisateurs.

C'est également veiller à la qualité de ce qui est mis en production, en s'assurant que les étapes de validation ont bien été suivies. C'est l'éternel grand écart entre faire évoluer et maintenir la stabilité des sites. Les évolutions se décident avec les équipes marketing qui donnent la ligne directrice. Ceci n'empêche néanmoins pas de retenir de bonnes idées venant de l'IT, notamment en termes de nouveautés technologiques.

Nous réalisons ainsi de petits projets, comme par exemple le test d'un Framework de développement ou la création d'interfaces en Ajax. Nous avons également lancé une application en Ruby pour la génération de mini-sites à destination de l'immobilier, et à terme dans l'emploi et la formation. Parallèlement à l'exploitation, nous menons donc des tentatives exploratoires pour préparer les projets de demain.

Ajax, Ruby, les services de demain feront donc plus de place à l'interactivité ?

Oui tout à fait. Le marketing pousse à implémenter de nouvelles fonctionnalités et le pôle IT est en veille technologique constante. De cette confrontation d'idées sort la roadmap d'évolution des produits. La prochaine étape sur les sites d'emploi sera une réflexion ergonomique et graphique.

En matière de design, les choses évoluent très vite et on ne peut pas se permettre de ne pas prendre en compte ces évolutions. Cette refonte, effective au dernier trimestre de cette année, sera l'opportunité d'utiliser les techniques ou technologies dites Web 2.0, avec plus d'interactivité à la clef. C'est d'ailleurs ce que nous avons déjà réalisé pour le site CmonJob, site pilote de ces technologies.

Laurent Chollat-Namy est diplômé de l'Institut National Polytechnique de Grenoble. Il a effectué tout son parcours professionnel dans le domaine des systèmes d'informations. Ingénieur de développement au sein d'Unilog en 1989, il devient consultant pour Price Waterhouse Management Conseil puis responsable des applications médias de la Coupe du monde football. DSI de Publiprint en 1998, il réalise la refonte des systèmes informatiques de gestion et de production de la publicité commerciale et des petites annonces. Laurent Chollat-Namy travaille depuis plus de 10 ans dans le secteur des médias et de la publicité. Il est devenu DSI d'Aegis Media France en 2005 et vient de rejoindre Adenclassifieds au même poste.