JDN : Présentez-nous la
direction des systèmes d'information de PSA Peugeot
Citroën ?
Daniel Zamparini Elle
comporte environ 2.000 personnes, dont plus de la moitié
est composée de cadres et d'ingénieurs.
La majeure partie de cette direction se situe en France
et dans d'autres pays européens comme l'Espagne
ou la Grande-Bretagne. C'est une organisation centralisée
au service de la branche automobile du groupe. D'un
point de vue stratégique, les systèmes
d'information sont au centre des principaux processus
de l'industrie automobile. Par exemple, pour accélérer
les processus de développement, il faut de plus
en plus d'ingéniérie simultanée,
d'outils de simulation et des moteurs de calcul. L'industrie
automobile, qui est "mono-produit", a absolument
besoin de systèmes d'information de qualité
dans ses processus fondamentaux pour progresser. Nous
sommes au service de la stratégie du groupe et
de l'ensemble des directions qui déclinent cette
stratégie.
N'est-ce pas difficile à
gérer ?
Prénom Nom L'apport
essentiel d'une DSI, c'est non seulement la maîtrise
des nouvelles technologies, mais c'est aussi une bonne
connaissance des métiers qui existent à
l'intérieur de l'entreprise. Notre vraie valeur
ajoutée, c'est de faire bénéficier
les métiers de l'automobile des apports des NTIC.
Nos équipes doivent se rapprocher des métiers
du groupe qui ne vivent pas tous au même rythme
et avec une même logique. La DSI doit travailler
de concert avec l'ensemble des directions et trouver
des modes de fonctionnement qui soient en phase avec
les cycles de décisions et les priorités
de ces directions. C'est une direction unique qui ne
doit pas être monolithique.
Votre conception d'une DSI
?
La
DSI doit bien communiquer avec les autres directions.
Il faut être capable d'écouter, de servir,
d'arbitrer et de réguler. Pour chaque projet,
nous travaillons avec les autres directions pour atteindre
les objectifs. C'est la bonne utilisation des systèmes
d'information que nous mettons en place dans le cadre
de l'amélioration des performances des directions
utilisatrices qui est notre objectif ultime. Outre une
force de réalisation, une DSI doit être
une force de proposition et d'arbitrage.
Quelles sont vos priorités
pour les mois à venir ?
Comme
toutes les DSI des grandes entreprises, nous avons un
enjeu proche qui est d'assurer le passage à l'an
2000 sans affecter le fonctionnement du groupe. Nous
y travaillons depuis très longtemps. Ensuite,
deux secteurs sont prioritaires: en amont, c'est participer
à l'effort collectif concernant la réduction
du cycle de développement des nouveaux produits
et en aval, le travail sur la distribution. Les NTIC
peuvent nous aider à améliorer notre manière
de travailler et de développer plus rapidement
nos produits automobiles, et, à avoir une relation
plus suivie avec nos clients et être capable de
développer des produits de qualité qui
sont de plus en plus accompagnés par des services,
donc de l'information, donc des systèmes d'information.
D'un point de vue technologique, je préfère
mettre l'accent sur l'utilisation des NTIC que sur les
NTIC elles-mêmes. Les NTIC sont toutes passionantes,
mais ma responsabilité, c'est d'assurer un apport
concret et efficace aux métiers du groupe. Nous
sommes très attentifs à propos des progiciels
intégrés pour remplacer progressivement
une partie de nos systèmes d'information à
l'aide des solutions ERP, en l'occurence SAP. Pour penser
l'entreprise "élargie", nous serons
très actifs en ce qui concerne les intranets
et les extranets.
Comment se déroule le passage
à l'euro et à l'an 2000 ?
Notre
démarche a été classique. Il y
avait un gros volume de points à traiter. Beaucoup
de systèmes ont dû évoluer pour
être prêts le 1er janvier 2000. Pour l'euro,
un responsable a été nommé à
la direction financière du groupe. Il est en
charge de l'orchestration de toutes les réflexions,
qui comportent des aspects business, organisationnels
et systèmes. Tous les acteurs du groupe ont participé
à ces projets. L'essentiel du travail a été
fait pour l'an 2000.
Où en êtes-vous au niveau
des intranets ?
Comme
dans beaucoup de grands groupes, il y a eu beaucoup
d'intranets qui se sont développés pour
couvrir différents domaines. Pour le moment,
les intranets ont plus une fonctionnalité informationnelle
que transactionnelle. Peu à peu, nous allons
commencer à imaginer des solutions plus applicatives
en utilisant les technologies web.
Au
niveau des sites internet, quelle est l'implication
de votre DSI ?
Ce
sont des sujets extrêmement transversaux, chacune
des directions s'y implique. Chacun apporte sa contribution.
Le rôle de la DSI, c'est de consolider l'ensemble.
Tant que ces technologies ont un profil très
informationnel, on peut facilement s'appuyer sur des
prestataires extérieurs. Quand on passera à
des services transactionnels, la DSI devra jouer son
rôle d'intégrateur et garantir une cohérence
globale.
Que
pensez-vous du niveau de maturité de vos utilisateurs
?
Selon
les domaines, le niveau de maturité n'est pas
le même. Il y a un excellent niveau dans la production
automobile, et dans les directions financières
et ressources humaines entres autres. Là où
l'impact des NTIC peut influer sur les modes de fonctionnement
des métiers, il faut développer des relations
de confiance et de travail en équipes multi-disciplinaires.
Que
pensez-vous de l'externalisation des activités informatiques
?
Pour
toutes les fonctions d'une entreprise, il faut se poser
la question du "make or buy", est-ce qu'on
fait ou on achète ? Ce n'est pas une question
binaire ou de dogmatisme. Il faut savoir si l'on possède
les compétences pour réaliser les projets
et s'il est nécessaire de faire appel à
l'exterieur. Il faut se poser cette question en permanence
pour trouver le meilleur compromis. Il ne faut pas se
trouver dans la situation où l'on ne possède
plus les compétences en interne qui devraient
être le coeur de l'entreprise. L'externalisation
ne peut pas être un acte isolé, elle rentre
dans une politique plus globale.
Sommes-nous
en retard par rapport aux autres pays ?
En
France, le processus de maturation est peut-être
un peu plus long qu'à l'étranger, notamment
par rapport aux pays anglo-saxons. Une fois que la décision
est prise, on sait le faire aussi bien que les Américains.
Nous avons une approche un peu différente par
rapport aux NTIC. Aux Etats-Unis, quand il y a une nouveauté
technologique, on l'utilise très rapidement et
si le résultat est positif, on s'en sert, sinon,
on le jète. Les Français réfléchissent
un peu plus en amont. Par ailleurs, c'est une erreur
d'appréciation que de dire que le commerce électronique
est peu développé en France. A une certaine
époque, grâce au Minitel, le volume des
transactions était plus important par rapport
à ce qui existait au même moment aux Etats-Unis.
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