Télémédecine : l'un des tout premiers projets français dévoilé

Télémédecine : l'un des tout premiers projets français dévoilé Le Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse a lancé une première expérimentation de télé expertise, avec Microsoft.

Avec ses 3 000 médecins auxquels s'ajoutent 10 000 autres salariés, le Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHU) de Toulouse est présent sur six sites. Dans l'optique de rationaliser son organisation, le CHU a décidé de regrouper par implantation certaines spécialisations médicales. Restait à savoir comment éviter les déplacements de malades impliquant l'intervention de plusieurs de ses spécialistes. Ces déplacements pouvant engendrer une explosion des coûts... Face à ce défi, le centre s'est posé la question de la mise en place d'un réseau interne de télémédecine.

 

Microsoft Lync et le portail Sharepoint au cœur du dispositif

"Nous disposions de salles de téléprésence, utilisées notamment dans le cadre de la formation interne, mais ces infrastructures très lourdes ne nous ont pas semblé adapté au besoin intra-CHU", se rappelle France Laffisse, chargée de Mission Télémédecine au CHU. En attendant la nouvelle plateforme de Télémédecine du Groupement de coopération sanitaire de Midi-Pyrénées, visant à mettre en œuvre la future génération d'outils de collaboration régionaux, "il a été envisagé de s'intégrer au processus interne de gestion du dossier patient. Mais il était long d'y adjoindre un workflow de télémédecine tel que nous l'envisagions", ajoute France Laffisse. 

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La télémédecine est une réalité au CHU de Toulouse. © Microsoft

En revanche, il semblait plus naturel au CHU de recourir à la solution de portail SharePoint de Microsoft, et son outil de communication unifiée Lync. Des applications d'ores et déjà disponibles au sein du CHU suite à la signature d'un contrat (en mars 2012) entre Microsoft et le réseau coopératif d'achats groupés hospitaliers, le GCS Uni.H.A - dont le CHU de Toulouse fait partie. "Cet accord prévoit l'équipement de 227 773 postes de travail pour 270 centres hospitaliers adhérents à travers la France", rappelle Laurence Lafont Galligo, directrice de la division Secteur Public de Microsoft France.

Objectif de ce vaste contrat : pour le réseau coopératif, réaliser des économies en achetant des licences en masse, et pour Microsoft, éviter de voir le réseau des CHU être tenté par la bureautique open source (comme cela est le cas pour beaucoup d'administrations centrales françaises). "Le projet du CHU de Toulouse illustre parfaitement l'apport des technologies Microsoft pour le secteur hospitalier français", souligne Laurence Lafont Galligo.

Réduire de 50% le nombre de consultations des dermatologues

En s'appuyant sur Office, Lync et Sharepoint, le CHU de Toulouse a donc posé la première pierre à l'édifice de son projet de télémédecine. Un workflow pilote a été défini pour réaliser des demandes auprès des dermatologues. Il repose sur le moteur de processus de SharePoint, et la messagerie Outlook pour transmettre les alertes aux spécialistes et les confirmations de prise en compte. Sa mise en œuvre n'a impliqué aucun développement spécifique, mais simplement un paramétrage de la brique InfoPath. Et en cas de besoin, une session de visioconférence et partage de documents médicaux peut être activée entre les deux médecins impliqués via Lync.

Avec cette première application, l'objectif du CHU est ambitieux : réduire de 50% le nombre de consultations hospitalières des dermatologues, qui pourront ainsi renvoyer les malades vers un médecin généraliste ou un dermatologue de ville. Les premiers cas traités montrent que le pari pourrait être remporté. "Nous allons partir de ce travail pour définir un workflow de télémédecine type, basé sur un certain nombre de protocoles communs, que nous pourrons ensuite décliner à d'autres spécialisations", poursuit France Laffisse.

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Le Samu pourrait recourir à la visioconférence pour mieux qualifier les appels téléphoniques effectués via le 15. © Microsoft

Parmi les pistes envisagées : permettre aux médecins urgentistes de recourir à Lync, par le biais des PC sur chariots qu'ils utilisent déjà pour saisir les dossiers patients, pour entrer en contact avec des spécialistes, des neuro-chirurgiens notamment, et ainsi mieux qualifier les entrées.

Mais, le CHU de Toulouse imagine aussi recourir à Lync sur d'autres terrains, notamment pour la tenue de ses réunions de concertation pluridisciplinaire qui, à partir de 2014, feront intervenir des salariés basés sur des sites différents.

Peut-on d'ores et déjà imaginer faire appel à la visioconférence pour recourir à des spécialistes en dehors du CHU, ou pour permettre aux médecins de ville de contacter le centre hospitalier ? Ces questions pourraient être rapidement mises sur la table. Reste la question "des protocoles à définir" et des autorisations que devra fournir l'Agence régionale de santé notamment. 

 

La télémédecine : une urgence pour traiter les AVC

"Mais une fois ces éléments établis, rien n'empêchera de recourir à la visioconférence pour réaliser des diagnostics ou pré-diagnostics de patients situés en dehors des CHU, via Lync et Skype, y compris par le biais de tablettes ou smartphones personnels connectés depuis des domiciles, des lieux d'accidents... Nous avons la technologie", explique sans détour Laurence Lafont Galligo.

Les médecins du Samu réalisent bien déjà des pré-diagnostiques pour qualifier les demandes réalisées par téléphone via le 15. Alors pourquoi ne pas passer aux technologies numériques ? Au-delà des économies attendues, ces nouveaux canaux pourraient aussi sauver des vies dans les cas de patients au pronostique vital engagé. Et sachant que les médecins n'ont que quelques heures pour diagnostiquer un Accident Vasculaire Cérébral (AVC), et choisir entre deux grandes familles de traitement possibles (l'une ou l'autre pouvant être fatale en fonction du type d'AVC), on comprend qu'accéder à un spécialiste à distance peut tout changer. "Microsoft travaille déjà sur le sujet en Espagne", indique la directrice de la division Secteur Public de Microsoft France.

En vue de passer ce nouveau cap, France Laffisse attend beaucoup des groupes de travail inter-CHU mis sur pied par Microsoft dans le cadre du contrat signé avec le GCS Uni.H.A. Des groupes qui couvrent de nombreuses questions clés : sur la confidentialité et la sécurité des données, le dossier patient...