George Liberman (Xiring) : "Le dossier médical personnel est un projet parti dans la précipitation politique"

Quel bilan tirez-vous du parcours de Xiring depuis son introduction en bourse en 2006 ?

En usant d'un raccourci rapide, je dirais que nous avons une année d'avance sur le business plan tel qu'il avait été défini. La réalisation est en effet très au-delà de ce qui avait été présenté au marché en vue de l'introduction boursière.

Le marché des systèmes de sécurité des transactions, et notamment la banque en ligne, que nous annoncions comme en voie de décollage a effectivement décollé. Il y a désormais 10 millions de consommateurs équipés par leur banque d'outils de sécurité de l'Internet. Fin 2006, ce chiffre était de 2 millions.

Cette année, 4 millions de produits ont été livrés au Royaume-Uni, le premier pays passé sur le standard de carte EMV. Xiring revendique 70% de part de marché sur le territoire britannique et d'avoir équipé 5 des 10 millions de consommateurs en Europe. Mais le décollage est aussi vrai pour les pays scandinaves, le Benelux ou encore la Suisse.

Nos résultats sur le marché Sésam-Vitale sont eux aussi encourageants. Tout cela fait que Xiring est en réussite sur la banque et la santé. Nous avons révisé nos prévisions de chiffres d'affaires à +70% et le résultat d'exploitation à 9%. Nous avons répondu au marché qui lors de l'IPO se questionnait sur la capacité de Xiring à livrer ses commandes sur un marché de masse.

Sur ce marché, nous nous plaçons à côté de l'utilisateur. Il ne s'agit pas de statuer ou de s'impliquer dans la sécurité du système de paiement sans contact, mais de sécuriser un usage qui possède de multiples avantages, en apportant une réponse aux interrogations de certains consommateurs. Certaines appréhensions sont par exemple exprimées sur la crainte qu'une transaction soit exécutée sans qu'ils en aient connaissance.

Nous ciblons donc cette problématique visant à rassurer l'utilisateur. CL Watcher est un produit se présentant sous la forme d'un étui dans lequel la carte est glissée. Il est équipé d'un bouton qui doit être pressé pour autoriser la réalisation de tout paiement. Il comprend également un écran affichant le montant payé par le titulaire de la carte. Celui-ci sait ainsi quand sa carte est utilisée et quelle est la somme prélevée. Notre produit permet de traiter les cartes PayWave de Visa et Paypass de Mastercard.

Notre objectif en 2008 est de participer à des pilotes dans un certain nombre de pays et de rejoindre des pilotes existants. Une commercialisation n'interviendra pas avant la fin de l'année prochaine et début 2009. Si la carte sans contact tient beaucoup de place dans les médias et les annonces, elle n'est pas encore dans le portefeuille des consommateurs.

Qu'en est-il de vos projets dans le secteur de la santé et notamment sur le DMP ?

Le Dossier Médical Personnel est un projet parti dans la précipitation politique avec des échéances difficiles à atteindre et des attributions de moyens ne permettant pas de remplir les objectifs. C'est à l'heure actuelle un chantier en reconstruction.

Sur le DMP, nous avons toujours avancé un argument pour nous de bon sens : à partir du moment où les gens disposent d'une carte Vitale, elle est l'objet idéal pour sécuriser l'accès au dossier médical. La carte Vitale 2 embarque en plus des dispositifs de sécurité qui ont été renforcés et qui apporte des réponses pour l'accès au dossier.

Quoi qu'il en soit, on ne parle plus de chose à court terme lorsqu'il s'agit du DMP. Il va falloir s'armer de patience. Je n'y vois pas de business en 2008 hors la réalisation de pilotes et de tests. Sur 2008, notre activité dans la santé se fera plus autour du renouvellement de nos solutions dans les pharmacies - 12 000 en France.

Nous avons déjà remplacé nos terminaux dans 8000 pharmacies par d'autres fonctionnant sur liaison GPS pour la télé-mise à jour de la carte d'assurance maladie. Le renouvellement avance au rythme de 600 par semaine. C'est le plus important parc MachinetoMachine. Grâce à cette technologie, le temps de mise à jour d'une carte est divisé par trois. Une carte à jour réduit les anomalies que peut avoir à rectifier un pharmacien après la saisie d'une feuille de soin électronique.