Qwant lève 18,5 millions d'euros, et gagne en crédibilité

Qwant lève 18,5 millions d'euros, et gagne en crédibilité Le moteur de recherche basé en France a bouclé un nouveau tour de table. 15 millions d'euros sont apportés par la Caisse des dépôts.

Surprise : Qwant lève à nouveau, et pas qu'un peu : 18,5 millions d'euros. Sur cette somme, 15 sont apportés par la Caisse des dépôts, et le reste par Axel Springer. Le groupe allemand renouvelle ainsi son soutien à Qwant, puisqu'il avait déjà injecté 5 millions en 2014 dans cette entreprise française fondée l'année précédente.

Une première levée, déjà impressionnante, avait été annoncée il y a à peine plus d'un an. Qwant avait alors annoncé pouvoir bénéficier d'un très beau financement de 25 millions d'euros de la Banque européenne d'investissement - une enveloppe donnée par tranches, et sous conditions.

Rentable en juin

Eric Leandri, directeur général et co-fondateur de Qwant © Qwant

Autre surprise : la rentabilité devrait être atteinte dans quelques mois, sans doute vers juin. "Mais nous allons tellement investir que nous n'allons pas rester rentables longtemps", annonce d'ores et déjà Eric Léandri, président et cofondateur de Qwant. Les investissements prévus sont en effet conséquents, et s'orientent avant tout vers le développement de la technologie : 100 millions d'euros doivent être injectés dans la R&D, et 50 millions dans l'infrastructure. Le moteur dispose actuellement de quelque 400 serveurs physiques, dans le nord de Paris, et va quadrupler ce chiffre rapidement. Il emploie aujourd'hui une cinquantaine de personnes (dont une quarantaine d'ingénieurs) et compte doubler son effectif cette année, et atteindre les 200 employés en 2018. Le moteur a déjà une dimension internationale, avec des visites provenant de 166 pays, même s'il n'a pas travaillé ses lancements à l'international – ce qu'il compte aussi faire avec les fonds levés. La rentabilité devrait à nouveau être atteinte "dans deux ou trois ans", assure-t-on, chez Qwant..

L'affiliation classique, pilier de la monétisation

La monétisation du moteur passe essentiellement par l'affiliation classique, qui pèse les 9/10e des revenus. "Certaines requêtes ont en effet une intention d'achat très forte et très claire : le trafic envoyé par Qwant est donc de qualité, et il est vendu cher", explique le cofondateur. Si certains ont du mal à atteindre des CPM de plus de 10 euros, ceux de Qwant peuvent dépasser les 20 euros, fait comprendre le président. A part l'affiliation, le moteur génère aussi du chiffre d'affaires en revendant des données. Il fait profiter à des partenaires les fruits de son coûteux travail de crawl et d'indexation, du web et des réseaux sociaux. C'est ainsi des technologies Qwant que l'on retrouve, sous le capot de HP Lounge par exemple.

Différent de Google, et soucieux de respecter la vie privée

"Nous ne voulons pas détrôner Google" (Eric Léandri - Qwant)

En tout cas, Qwant veut protéger la vie privée de ses utilisateurs, qu'il ne trace pas à des fins publicitaires. Son modèle est donc différent de celui de Google. Il est évidemment tentant de comparer les deux moteurs de recherche, même si cette comparaison a sans doute finalement fait du mal à l'entreprise française et sa crédibilité. Il y a d'ailleurs peut-être eu un malentendu, qu'Eric Léandri tient à dissiper : "Nous ne voulons pas détrôner Google, évidemment, ce serait ridicule", rectifie le dirigeant, qui ne communique pas le détail de ses audiences, et accepte seulement de dire que son moteur a traité 2,6 milliards de requêtes en 2016, et a doublé le nombre de ses visites en un an. Un outil respecté de mesure le crédite de quelque 715 000 VU par mois sur desktop en France, mais ces chiffres sont contestés et "au-dessous de la réalité".

"Plus fondamentalement", détaille le dirigeant, "l'idée est surtout de proposer une alternative à Google. Une alternative qui soit "solide, propre, et surtout, qui préserve la vie privée. "Qwant n'est peut-être pas aussi bon que Google, malgré nos efforts, que nous allons poursuivre. Mais l'objectif est avant tout qu'il soit good enough pour être une alternative", admet le président de Qwant qui attire l'attention sur la particularité de ses investisseurs, "qui ne sont pas des VC, et qui ont une vision à long terme."