Intel Larrabee : le projet pour contrer AMD / ATI et Nvidia

L'avenir de l'informatique passera-t-il par le GPU ou le CPU ? Intel propose, lui, un processeur graphique doté de 8 à 48 coeurs capable de seconder le processeur principal, et entièrement programmable.

Pressé par la concurrence, Intel réagit en dévoilant son propre projet concernant l'informatique de demain. Larrabee, de son petit nom, est un projet relativement ambitieux, puisqu'il vise à repositionner Intel sur le marché des processeurs graphiques (ou GPU), alors que ce dernier se contentait jusqu'à présent de fournir des solutions intégrées moins performantes.

Pourquoi ce regain d'intérêt pour les processeurs graphiques ? Tout simplement car ces derniers semblent prendre le pas sur les processeurs standards de l'industrie. En témoigne le rachat d'ATI par AMD : les deux acteurs souhaitent ainsi fournir tout comme Intel des solutions intégrées, mais aussi doter les processeurs AMD de coeur dédiés aux calculs graphiques en appliquant les modèles d'architecture des GPU au CPU.

Aujourd'hui principalement utilisés dans les jeux vidéos, on en oublierait presque que les processeurs graphiques servent avant tout au rendu graphique du contenu affiché par l'ordinateur (l'interface donc, mais aussi photos, films, et autres effets du système d'exploitation). Et demain, les constructeurs de processeurs graphiques espèrent bien qu'elles serviront à tout autre chose.

Nvidia comme ATI proposent ainsi des solutions, baptisées Cuda et Brook+, qui visent à utiliser les ressources d'un GPU pour effectuer de la compression d'images, des analyses décisionnelles, des simulations économiques ou scientifiques... Autant de calculs exigeants des hautes performances que se réservaient jusqu'à présent des processeurs dédiés.

Dernièrement, Nvidia et AMD / ATI sont allés plus loin encore, suggérant la possibilité d'utiliser dans le futur les GPU comme des co-processeurs au service du CPU. Une menace donc à terme pour l'hégémonie d'Intel, qui riposte avec Larrabee. Cependant, comme Intel n'a pas racheté de spécialistes à l'instar d'AMD, il y va de sa propre solution, basée sur son expérience dans la fabrication de processeurs à architecture x86.

Concrètement, Larrabee se présente sous la forme d'un processeur global, coordonnant de 8 à 48 coeurs et à terme des centaines. Ces coeurs sont cadencés à une vitesse d'1 Ghz, et sont basés sur un dérivé de l'architecture Pentium d'Intel, auquel le constructeur a adjoint le support du multi-tâches et les instructions 64 bits. Mais la vrai force de cette solution est ailleurs : dans son aspect résolument ouvert à l'opposé des GPU du moment.

Une base d'architecture Pentium, désormais multi-tâches, et reprogrammable

Ainsi, Intel prévoit de mettre à disposition des développeurs un processeur entièrement programmable, ce qui donnerait la possibilité d'optimiser son code selon le comportement de son logiciel, et du système d'exploitation auquel on s'adresse. De même, Larrabee fournira aux développeurs des interfaces de programmation leur permettant de personnaliser la façon dont le processeur fonctionne (son jeu d'instruction).

Cette approche tranche avec l'architecture des GPU actuels, qui se base sur des files d'exécution de tâches pré-définies. Si elle s'est révélée efficace jusqu'à présent, c'est aussi parce que les GPU ont toujours eu un rôle limité. Mais en voulant en faire des co-processeurs, leur architecture traditionnelle pourrait se révéler désormais un frein.

Cependant, la solution d'Intel a aussi ses défauts, puisqu'elle semble exiger un gros travail auprès des développeurs, là où les GPU actuels donnent clés en main des ressources matérielles à utiliser. Et elle devrait se révéler moins performante, puisque généraliste, dans les tâches classiques de rendu graphique réalisés par les GPU.

L'industrie du logiciel et les consommateurs seront donc amenés à trancher dans un futur proche entre les deux solutions. Intel n'annonce pas de disponibilité pour Larrabee avant 2009 / 2010. Intel donnera plus de détails sur ce projet lors du salon Siggraph 2008, prévu du 11 au 15 août.