Les PC à bas coût plombent-ils le marché de l'informatique ?

Vendus en moyenne 300 euros, ces PC contribuent à la baisse des dépenses informatiques et du prix moyen des portables. En période de crise économique, ils pourraient toutefois limiter l'effondrement du marché.

Le succès des PC à bas coût [appelés aussi netbooks, mais dont la marque est désormais déposée, en proscrivant l'usage], généralement pourvus d'un écran de 9 à 10 pouces, n'est plus discutable. Le cabinet DisplaySearch estime ainsi qu'il s'en est vendu près de 14 millions dans le monde en 2008. Et les ventes devraient encore s'accélérer en 2009 pour atteindre un total de 35 millions selon ABI Research.

Pour l'institut d'études GFK, 500 000 "Mini" PC ont été mis sur le marché français en 2008, principalement par le biais des opérateurs. Seulement 10 000 à 15 000 auraient été commercialisés hors des circuits de distribution de ces acteurs de la mobilité. Pour autant le succès de ce marché est-il garanti ?

Si ABI Research répond par l'affirmative, GFK se montre plus circonspect. Selon les sources, ces ordinateurs représentent déjà 7 à 10% des ventes totales de portables. Et le frein à leur développement pourrait bien être leur premier atout : le prix. Vendus en moyenne à 330 euros, et compte tenu de la forte concurrence entre les constructeurs, les marges restent faibles sur ces produits informatiques.

Si en volume, les ventes sont conséquentes, en valeur les chiffres sont moins spectaculaires. Ainsi d'après le cabinet GFK, le chiffre d'affaires des PC à bas coût ne dépasserait que légèrement celui des disques multimédia. La solution pour les constructeurs est donc de se diversifier, avec l'introduction notamment de modèles haut de gamme, comme Sony et le Vaio P.

Le prix moyen d'un ordinateur a baissé de 16% en 2008

Asus (30,3% de part de marché des Mini PC en 2008) avec l'Eee PC 1000H (et d'autres modèles en préparation) tente également de se positionner sur la fourchette haute. Toutefois le rapport prix / performances peut alors décevoir. Cette stratégie peut cependant être la solution pour les constructeurs afin de maintenir leur chiffre d'affaires et soutenir la dépense en bien électronique.

Pour la première fois en 10 ans, le marché des produits technologiques a en effet enregistré en France une baisse de 3% en valeur, en 2008. Une baisse que GFK attribue en partie à la guerre des prix, et aux Mini PC, mais non à la crise. Ces portables contribuent en effet à la baisse de 16% du prix moyen d'un ordinateur, qui en 2008 s'établit à 652 euros. Néanmoins cette baisse du prix moyen avait déjà débuté avant le succès de ces nouveaux modèles d'ordinateurs.

Mais la question de la cannibalisation avec les PC portables traditionnels se pose malgré tout. Si le cabinet NPD Group reconnaît le rôle d'accélérateur de croissance des ventes d'ordinateurs, il estime également que 50% des ventes de Mini PC ont été cannibales en 2008. Toujours selon NPD Group, le prix moyen d'un portable serait passé de 861 dollars à 795 (et non 740 dollars) sans l'introduction des PC à bas coût.

GFK insiste de son côté sur la création d'un nouveau marché. En effet, en raison des prix pratiqués auparavant, des clients demeuraient exclus et les constructeurs perdaient l'opportunité de réaliser du chiffre d'affaires.

Mais si ces derniers se sont crées de nouvelles opportunités, ils ont également influé sur les seuils psychologiques de prix des consommateurs, tirant celui-ci vers le bas. Toutefois la tentation des fabricants d'orienter le marché à la hausse pourrait désormais se heurter à un contexte économique dans lequel pouvoir d'achat est le maître mot.