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Analyse
 
02/11/2007

Alcatel-Lucent : un gros bateau à la dérive

En difficulté financière, la direction annonce un deuxième plan de restructuration affectant 4000 emplois. Malgré une bonne assise, la société perd du terrain face à ses concurrents.
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8 mois après les premières suppressions de postes, Alcatel-Lucent remet le couvert suite à deux trimestres consécutifs de résultats nets dans le rouge, et un bilan de l'année 2006 très mitigé en termes de rentabilité de l'entreprise. C'est donc 4000 suppressions d'emploi, la fourchette basse des analystes, qui ont été annoncées par la directrice générale du groupe, Patricia Russo.

Cette nouvelle coupe d'effectifs ne sera pas immédiate toutefois. Le groupe se donne jusqu'à 2009 pour parvenir à cet objectif, estimant à 400 millions d'euros les économies réalisées sur cette opération. Un montant qui viendra s'ajouter aux 1,7 milliard d'euros d'économies planifiées. Le premier projet d'intégration des deux groupes avaient notamment débouché sur une première vague de 12 500 suppressions d'emplois, dont 1500 environ en France.

Autre changement notable, la création d'un comité exécutif rapproché de 7 personnes, directement sous la responsabilité de Patricia Russo, et qui participera à la planification de la stratégie du groupe, et à la gestion opérationnelle des entités. Ce comité exécutif servira en même temps de contre-pouvoir face aux dirigeants Serge Tchuruk et Patricia Russo, qui ont perdu la confiance de leurs actionnaires.

Composé de 5 salariés d'Alcatel et 2 de Lucent, la création de ce nouveau comité s'accompagne d'une rationalisation de l'organisation du groupe. Il n'existe désormais plus que deux entités régionales : le continent américain et un ensemble regroupant l'Europe, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie Pacifique. Une séparation qui évoque peu ou prou la répartition naturelle des activités entre Lucent (Amérique du Nord) et Alcatel (Europe et Asie).

Un comité de direction resserré

Une manière de simplifier aussi l'organisation autour d'un comité de direction resserré, diminuant la chaîne de management, pour à la clé améliorer l'efficacité des actions. Enfin, dernier changement : le directeur financier, Jean-Pascal Beaufret, quitte le groupe et est remplacé par Hubert de Pesquidoux.

Cette restructuration intervient à un moment clé pour Alcatel-Lucent. L'équipentier affiche depuis le début de l'année un chiffre d'affaires de 12,56 milliards d'euros pour un résultat net négatif de -395 millions d'euros. Le résultat opérationnel, lui, est à peine positif. En 2006, le chiffre d'affaires consolidé atteignait 18,25 milliards d'euros pour un résultat net de -272 millions d'euros. L'activité recule donc.

Cependant, le groupe vient tout juste de lancer son premier plan de restructuration et ne s'est pas encore donné le temps nécessaire pour en récolter les premiers fruits. Les syndicats n'ont d'ailleurs pas perdu de temps et appelaient à une journée de débrayage ce mercredi 31 octobre, en réaction à l'annonce de leur directrice générale. Pour la CFE-CGC : "les salariés européens, après une année traumatisante et un conflit social sans précédent, n'accepteront pas une seule suppression d'emploi supplémentaire en France et dans l'UE".

Mais si la rentabilité n'est pas au rendez-vous pour le moment, c'est surtout la stagnation des revenus survenus au cours de l'année 2007 qui inquiète les actionnaires, un an après l'annonce officielle de la fusion. Certaines activités critiques sont effectivement dans le rouge : la convergence et la mobilité, deux activités clés dans les télécoms car sources de croissance et de profits, affichent des baisses à deux chiffres depuis le début de l'année (-39% et -20% au dernier trimestre respectivement).

Parallèlement, le résultat opérationnel s'est replié passant de 430 à 70 millions d'euros sur le dernier trimestre. Le groupe a aussi hérité d'une dette à long terme importante suite au rachat de Lucent, qui le place dans une situation où l'erreur n'est pas possible sous peine d'alourdir peu à peu les intérêts. Fin 2006, la dette d'Alcatel-Lucent s'était établie à 4,9 milliards d'euros, contre 2,4 milliards l'année précédente. Elle revient au niveau de 2001 / 2002, lors de la crise du secteur télécoms.

Mais une entreprise qui se débat à l'international

Cependant, ces chiffres purement factuels doivent être relativisés au vu des derniers contrats signés. Certes le groupe va mal, mais il parvient à se distinguer sur les marchés émergents. Il sera notamment le partenaire du chinois TCL pour distribuer le terminal BlackBerry en Chine. En Allemagne, en France et en Amérique du Sud, il a obtenu des contrats d'équipements Wimax. Au Japon et en Chine, il a signé des accords locaux.

Cependant, ces accords tout juste signés en 2007 ne porteront leurs fruits qu'à partir de 2008. A venir également, l'amende de 1,5 milliard de dollars que doit lui verser Microsoft, condamné pour violation de brevets sur les technologies MP3 de Lucent. En parallèle, des activités jugées non critiques ont été cédées pour remettre de l'ordre dans les comptes. Dernièrement, sa participation dans la société de composants optiques Avanex a été vendue pour 33,4 millions d'euros à Pirelli.

 
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A la recherche de la croissance, Alcatel-Lucent veut aussi conquérir le mid-market. Il a par exemple sorti cette année une gamme de solutions IPBX destinée au PME baptisée BICS, proposant de la convergence fixe et mobile, des fonctions de centre d'appels, de communication unifiée et d'administration centralisée.

Et malgré ses difficultés, l'équipementier peut s'appuyer sur des bases solides. D'abord, sa répartition géographique qui lui permet de couvrir l'Europe de l'Ouest (26%) et l'Amérique du Nord (36%) à niveau presque égal. En Asie, il réalise tout de même 15% de ses revenus, et 23% dans le reste du monde. Cette assise se confirme par activité : le fixe (31%) pèse autant que le mobile (32%), suivi par l'activité de convergence (12%), les services (16%) et l'entreprise (8%).


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