INTERVIEW
 
02/09/2008

Denis Mennesson (LDLC) : "Le discours des constructeurs sur l'informatique verte me fait sourire"

Le site de vente de matériel informatique a achevé la migration de sa plate-forme vers le 64bits. Un projet qui vise à maintenir la performance alors que les contenus Web s'alourdissent sous le poids des images.
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Denis Mennesson (LDLC)
 
 
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Quel a été le dernier changement majeur au sein de votre infrastructure ?

Il y a un an, nous prévoyons une évolution de notre architecture vers le 64 bits. Aujourd'hui, l'ensemble des machines a été modifié, et nous sommes passés au 64 bits au niveau des bases de données frontales et du SAN. Pour le reste, nous avons conservé la même architecture. Cela nous permet d'avoir la même organisation, mais plus de performance.

Pourquoi passer au 64 bits ? Vous aviez des problèmes de performance ?

Non, toutes ces modifications sont tout à fait transparentes pour les utilisateurs. L'évolution de l'infrastructure informatique est due à la fois à la croissance de notre activité métier, et au renouvellement nécessaire du parc informatique.

Mais pourquoi vouloir travailler sur la puissance de calcul alors ?

Les pages Internet ont un poids qui devient de plus en plus important. Il y a de plus en plus d'images en haute définition par exemple, et la gestion de ce type de fichier demande de plus en plus de puissance si l'on veut maintenir le niveau de performance du site en termes de disponibilité et de rapidité d'accès à l'information.

Justement, quel est le processus de mise à jour de l'infrastructure informatique ?

L'adaptation de l'infrastructure informatique matérielle et logicielle aux nouvelles exigences éditoriales se fait par un processus variable. Souvent, l'équipe Web de développement travaille en fonction de la commande du département marketing et des rédacteurs qui conçoivent les fiches produits. Ces nouveautés sont étudiées sur le plan technique et nous estimons l'impact qu'elles peuvent avoir sur l'architecture. Si elles risquent d'avoir un impact, nous adaptons à l'avance l'infrastructure. Mais l'imprévu est aussi parfois présent. Et dans ces cas là, nous devons rapidement ajuster le système pour répondre à une mise en ligne qui pénalise les performances du site.

Mais quelle est la part d'imprévu sur ce type de sujet ?

Globalement, nous sommes dans la logique du 80/20. Nous anticipons à 80%, et devons faire face à des imprévus dans 20% des cas.

Vous êtes sous Windows côté serveur. Qu'en est il des autres domaines ?

Nous travaillons avec une solution d'hypervision Open Source Centreon Nagios. C'est un choix économique au départ, mais ce sont des produits assez poussés, et que l'on maîtrise en interne. Pour tout ce qui est de nos autres logiciels métiers, nous développons en interne et intégrons nous même. Nous disposons pour cela d'une équipe de 20 personnes presque entièrement dédiées au développement.

"Etre dépendant de prestataires extérieurs contribue à créer des goulets d'étranglement en matière de réactivité"

Pourquoi une telle stratégie ?

Nous avons une volonté permanente de maîtriser l'ensemble des outils informatiques. De ce fait, nous n'avons pas besoin de prestataire externe, malgré leur volonté d'être présent ! (rires). Je pense que le fait d'être dépendant de prestataires extérieurs sur nos applications, qui sont véritablement critiques pour notre métier, engendre potentiellement des goulets d'étranglement sur la réactivité dont nous devons faire preuve en cas de problème.

Vous utilisez la virtualisation depuis 4 ans maintenant. Quel bilan faites-vous aujourd'hui de cette technologie ?

Nous avons utilisé Vmware au début parce que les machines avaient un coût et pour certaines petites machines comme les DNS, on trouvait dommage de mobiliser des machines physiques exploitées à 5 ou 10% de leur capacité. Ensuite, on s'est rendu compte que ça fonctionnait bien, que ça absorbait bien les pics de charge des tests internes. En fait, cela nous permettait plus de souplesse sans alourdir, ce qui était absolument nécessaire pour notre métier. Aujourd'hui, nous avons étendu la virtualisation à d'autres domaines. Ceci dit, c'est aussi une technologie qui peut rapidement devenir très complexe, tout dépend de ce que vous mettez dans vos machines.

La virtualisation est aussi recherchée pour lisser le stockage des serveurs, en optimisant la performance de chacun...

Oui, cela permet une meilleure utilisation des serveurs, mais la grande problématique pour nous, en plus de la chasse au mètre carré, c'est la dissipation de chaleur et d'économiser la puissance électrique globale du data center. Sur notre site principal par exemple, notre densité augmente, et en utilisant des chassis et des blades, ce qui rentrait avant dans deux baie, rentre maintenant dans une demi baie. Une telle concentration fait exploser la température, et la dissipation fait augmenter la facture électrique. Nous cherchons d'ailleurs activement une salle haute densité sur la région lyonnaise pour améliorer notre système.

Et que pensez-vous aujourd'hui des offres écologiques des constructeurs ?

Le green, c'est un discours qui fait sourire. En fait, changer une machine coûte moins cher que de prolonger la garantie sur une machine ancienne, d'où une véritable course à la consommation. Commercialement, c'est très contradictoire. Si je rachète un serveur avec trois ans de garantie, c'est moins cher que le prolongement de garantie. Cherchez l'erreur...

Côté serveur justement, quelle est votre stratégie en termes de besoin de stockage ?

En savoir plus

SAN et ISCSI. Nous utilisons le SAN pour les données critiques, et des disques durs classiques avec un protocole ISCSI pour les données volumineuses, au lieu d'un SAN qui coûte très cher. Nous avons opté pour cette configuration depuis un an et demi. Une baie SAN avec 3 à 4 To utiles en haute disponibilité coûte environ 60 000 euros.

Nous utilisons ce système pour les fiches produits car nous les mettons en priorité pour la disponibilité et nous assurons leur sécurité avec la redondance du SAN. En comparaison, nous utilisons le protocole ISCSI pour des données moins stratégiques, mais c'est un coût de 10 000 euros pour 5 To.


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