Full stack start-up, une stratégie pour dominer le monde

Si vous développez une application pour attaquer une industrie historique et peu innovante, vous devriez envisager de créer une full stack start-up, afin d'être au centre de l'ensemble des acteurs du système.

Aujourd'hui, plusieurs des start-up les plus intéressantes du marché (Netflix, Amazon...) ont été créés auparavant sous une forme différente, où elles n'adressaient qu'un pan partiel de leur industrie. Elles sont aujourd’hui devenues full-stack et rayonnent dans le monde.

 

Le constat : ne s'attaquer qu'à un pan de l’industrie présente des inconvénients.

  • Une mauvaise expérience client : dans un secteur rigide ou avec une situation de rente par exemple, le service sera décevant et les besoins clients ne sont pas tous pris en compte. Ainsi, vous risquez d’attendre des heures un vendredi soir pour commander un Taxi, qui sera en plus désagréable et refusera de vous prendre si vous n'êtes pas sur sa route.
  • Une résistance culturelle aux nouvelles technologies : l'industrie des médias ou celle des livres étaient notoirement lentes à adopter de nouvelles technologies, pour commander ses livres directement en ligne.
  • Un gain économique plus faible : plus il y a d'intermédiaires dans la chaîne de valeur, plus le coût pour le client final sera élevé et moins les effets de réseaux sont intéressants. Lorsque Netflix produit ses séries originales et les distribue dans plus de 80 pays directement en ligne, les gains ne sont plus linéaires.

Voici un exemple concret (non exhaustif) avec le cas Uber : en tant que service de chauffeur à la demande, Uber aurait pu vendre son application à toutes les compagnies de taxi du monde pour remplacer leurs centrales d'appel. C'était l'ancienne approche, celle de vendre ou de louer le logiciel que vous aviez développé via un abonnement pour les entreprises existantes, bien établies, mais peu innovantes du secteur. Cela a été tenté mais n’a pas marché car la valeur perçue par cette veille industrie était alors insuffisante (résistance culturelle aux nouvelles technologies)

Les applications comme Uber, mais aussi Lyft ou encore Chauffeur Privé en France ont donc plutôt fait le choix d'intégrer leurs propres chauffeurs (bien qu'indépendants) et de prélever une commission sur chaque trajet.

Pour intégrer la chaîne de valeur, Uber a :
  • proposé à ses chauffeurs des offres de leasing de voiture haut de gamme. L'objectif ? Planifier l’étape d’après, qui sera de créer des voitures électriques autonomes afin de diminuer leurs coûts et augmenter la marge sur chaque trajet (voiture Uber et non chauffeur indépendant).
  • intégré l'offre concurrente sur sa plateforme : les taxis peuvent travailler pour Uber. Celà permet à la licorne de toucher de nouveaux marchés et de prendre la place des centrales d'appels existantes.

L’approche full-stack a pour ambition de construire un produit complet, qui permet de maîtriser l'expérience utilisateur de A à Z et donc de contrôler tous les maillons de la chaîne de valeur.

Elle permet également de :

  • Désintermédier les entreprises existantes bien établies.
  • Répliquer localement le modèle pour ouvrir de nouveaux marchés très rapidement.
  • Développer une puissance de feu : s'attaquer à une verticale industrielle entière fait que votre entreprise peut à la fois recruter les meilleurs experts de cette industrie et attirer d'ambitieux ingénieurs pour construire votre vision (voiture autonome électrique…).
  • Capturer une plus grande partie des avantages économiques que l'entreprise créée, en augmentant ses revenus à chaque étape et en optimisant les coûts entre les différentes briques afin de créer un leader qui monopolise toute la valeur.

Si ces start-up full-stack créent autant de valeur, pourquoi n'y en a-t-il pas plus ? Le recrutement est une vraie difficulté car vous avez besoin d'experts dans de nombreux domaines différents : le software, le hardware, une expertise métier, de la conception à la commercialisation, en passant par la gestion de la chaîne d'approvisionnement, les ventes, les partenariats ou encore toute la partie réglementaire. 

Il faut ainsi une force de frappe plus importante pour attaquer tous les maillons à la fois et un bon timing pour son innovation de rupture. Uber a pu réussir car les nouvelles générations de smartphones permettaient à la fois une géolocalisation précise et un paiement directement via son application.

Pour finir des idées d'industries d’où pourraient sortir de nouveaux géants full-stack :

  • Automobile 
  • Comptabilité 
  • Énergie
  • Droit 
  • Construction
  • Médecine
  • Restauration