L'adblocking mobile, un micro-phénomène qui ne perce pas en France
98% de l'adblocking mobile concerne le Web, pas les applications, selon le dernier rapport de PageFair. Et le phénomène touche surtout l'Asie-Pacifique où les forfaits data sont onéreux.
La sortie en mai 2015 du rapport de Pagefair sur le coût de l'adblocking dans le monde avait permis de chiffrer l'ampleur du phénomène. Un an plus tard, le spécialiste des analytics pub se concentre cette fois sur le mobile, où 419 millions d'utilisateurs dans le monde bloquent la diffusion de publicités chaque mois, soit 22% des détenteurs de smartphone. Presque deux fois plus que sur desktop.
Dans les fait, la quasi intégralité de l'adblocking mobile s'opère depuis les "navigateurs adblockers". Ces navigateurs qui bloquent les publicités ont séduit 408 millions d'utilisateurs en mars 2016. Pagefair en a identifié 46 disponibles sur Android et iOS. Le plus populaire d'entre eux, UC Browser, est détenu par Alibaba. Sans surprise, c'est donc la Chine qui est la plus touchée, avec 159 millions d'utilisateurs concernés.
1,3 million de Français utilisent un navigateur mobile bloqueur de pubs
En réalité, ils sont "seulement" 14 millions en Europe et aux Etats-Unis. 2,3 millions aux Etats-Unis et 1,3 million en France à utiliser un "navigateur adblocker". Un taux d'adoption faible qui s'explique par l'accessibilité des forfaits data dans les pays développés. "Les mobinautes bloquent moins les publicités pour leur côté intrusif que pour leur lourdeur en matière de data", explique Pagefair.
En Asie, où les forfaits datas sont moins abordables, installer un adblocker mobile est source d'économie. Pas étonnant donc que le phénomène concerne essentiellement la région où 36% des détenteurs de smartphone sont concernés, contre à peine 2,7% en Europe.
Hormis les "navigateur adblocker", l'autre danger pour les éditeurs réside dans les applications d'adblocking, qui une fois installées permettent de bloquer les publicités dans Safari. Mais sept mois après la décision d'Apple d'ouvrir ses portes aux applications d'adblocking, seuls 4,5 millions de téléchargement ont été réalisés. Le numéro 1, Adblock Plus, pèse 22% du total. Aux Etats-Unis, à peine 2% des mobinautes équipés d'un iPhone compatible ont ainsi franchi le pas.
Les annonceurs et éditeurs d'application peuvent donc respirer. L'adblocking mobile concerne encore aujourd'hui quasi exclusivement le Web mobile, où les investissements publicitaires sont minimes (entre 10 et 20% selon les régions). Les applications sont pour l'instant épargnées. PageFair note toutefois l'apparition d'une nouvelle menace : certaines applications permettent de bloquer la diffusion de publicités au sein d'autres applications grâce à des protocoles de proxy http ou des VPN. Elles restent encore très marginales, téléchargées moins de 800 000 fois depuis septembre 2014.
Pire encore, des technologies comme celle de Shine, proposant aux opérateurs mobiles de bloquer l'intégralité des publicités diffusées sur les smartphones de leurs clients arrivent en Europe. La promesse a déjà séduit l'opérateur mobile Three au Royaume-Uni et en Italie. Le déploiement est à venir...