Moderniser un mainframe comprenant des décennies d'héritage d'entreprise

En ce moment, les mentalités bougent sur le marché de l'IT au sujet des applicatifs mainframe qui représentent un frein à la transformation numérique. La crise sanitaire n'a fait qu'accélérer la prise de conscience du problème.

Les organisations ont identifié la problématique des mainframe depuis des années et ont tenté d’emprunter un certain nombre de chemins, pour arriver finalement à la conclusion qu’on ne peut pas oublier son passé et que l’on doit l’embarquer dans sa transformation. Les solutions qui s’appuient sur la modernisation valorisent cet héritage sont de plus en plus regardées par les entreprises qui veulent migrer sur le cloud, tout en possédant un mainframe. Elles ont actuellement un choix à faire, autour de trois voies : l’achat d’une solution clé en main (de type SaaS par exemple), la réécriture et la modernisation.

La solution clé en main

Cela peut être stratégique pour changer les applications qui sont sur le mainframe, mais n’ayant pas de valeur métier, comme la paie par exemple. Ici, l’entreprise peut investir dans une solution SaaS et repartir de zéro. Il ne lui reste qu’à jauger s’il vaut mieux migrer son système de paie vers le cloud ou acheter un nouveau logiciel de paie.

La réécriture

Quand on possède une application depuis 40 ans, il coûte parfois plus cher de la conserver que d’en acheter une neuve, à l’instar des voitures et des machines à laver. En entreprise, certaines applications ont fait leur temps et il vaut mieux les réécrire, en oubliant le Cobol au profit des nouveaux langages. Cela offre une flexibilité en fonction des nouveaux besoins métiers et des mises à jour grâce aux concepts d’architecture moderne. Mais si l’on détient 40 ans d’héritage sur son mainframe, cela devient une hémorragie financière. Réécrire l’ensemble d’un patrimoine aussi conséquent est trop coûteux et les organisations se rendent vite compte des limites d’un tel chantier.

Pourtant, 40 ans d’historique représentent une valeur vitale pour l’entreprise. Prenons l’exemple d’une chaine de supermarchés qui possède des décennies d’expérience sur les produits frais, permettant d’approvisionner les rayons de chaque magasin de France, en prenant en compte la météo des semaines à venir et les sept dernières années de vente. Cela représente un savant mélange de connaissances qui permet de s’assurer que les bons produits seront bien présents en rayon. Il s’agit là d’une application spécifique à la marque, où toute l’expérience métier se retrouve codée, et constitue donc un réel patrimoine et avantage concurrentiel. Ici la même question se pose : comment adapter au numérique cette application qui contient toute l’information, et la connecter par exemple à la nouvelle application mobile de click & collect du supermarché ?

Modernisation pour tirer parti de l’investissement et bénéficier des nouveautés

Associable aux solutions SaaS clé en main et à la réécriture mentionnées plus haut, cette troisième voie représente une alternative des plus efficaces. Les entreprises ont besoin de nouveaux canaux de transformation, en raison de la concurrence accrue. En effet, les nouveaux acteurs ne sont pas concernés par les problématiques de mainframe et intègrent directement des applications conçues pour les architectures numériques. C’est alors que les entreprises historiques ont énormément de mal à rester compétitives. Si l’on prend l’exemple des nouvelles banques directes, celle-ci ont déjà tous les systèmes de transactions en temps réel. Aujourd’hui, un étudiant ne peut pas comprendre pourquoi l’argent n’apparait pas immédiatement sur son compte quand son père clique sur le bouton pour effectuer un virement. Auparavant, les applications bancaires s’actualisaient la nuit et il fallait attendre le lendemain matin pour que les transactions du jour soient visibles. Ce retard apparent n’est plus acceptable pour les jeunes générations. 

Moderniser et transformer les vieux composants pour les intégrer dans une architecture nouvelle génération permet de délivrer de l’agilité et de la scalabilité. Toujours dans l’univers bancaire, si auparavant seuls les 20 000 collaborateurs et agents d’une banque avaient besoin de se connecter à l’application de l’entreprise, aujourd’hui les 6 millions de clients y sont invités. Là où il était possible d’avoir un gros mainframe pour ses milliers d’employés, cela coûterait trop cher de l’adapter aux connexions des millions de clients. Aujourd’hui, une application cloud s’adapte et fournit la puissance de processeur nécessaire au nombre de connexions et d’utilisateurs. Par ailleurs, on ne la paie généralement que pour ce qu’on en fait, si on l’utilise pour des milliers ou des millions de comptes utilisateurs.

La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accélérer ce besoin de modernisation, avec des consommateurs qui multiplient leurs transactions en ligne pendant les confinements. Certaines entreprises d’e-commerce ont enregistré + 44% de ventes, et seuls les acteurs préparés ont pu survivre la cadence. Ce phénomène est associé à la formation de la nouvelle génération d’ingénieurs, qui s’orientent toujours plus vers de nouvelles solutions, au détriment de l’architecture mainframe.

Aujourd’hui les entreprises doivent faire face aux enjeux de transformation en embarquant leur mainframe pour assurer leur pérennité économique. Ce lourd héritage constitue certes un poids conséquent, mais il renferme une valeur inestimable sur laquelle il faut capitaliser. La clé de cette mutation passe par une approche hybride mêlant réécriture des données stratégiques et architecture nouvelle, pour tirer le meilleur parti des deux mondes. L’enjeu réside dans la finesse de la ventilation de ces deux solutions. Et l’urgence est de prendre dès maintenant ce virage crucial pour l’avenir.