" Faire la transition, avec les entrepreneurs "

Les entrepreneurs alliant innovation et décarbonation sont les plus à même de faire advenir la transition, moins par des objectifs abstraits que par des réussites concrètes

Simplification. C’est depuis plusieurs mois le mot d’ordre des entrepreneurs qui, pour ne pas devenir un vœu pieu, ont joué le jeu des Rencontres de la simplification en formulant plus de 5 000 propositions.

Qu’ils soient agriculteurs, artisans du BTP ou industriels, tous invoquent ce mantra qui traduit, dans les faits, une profonde préoccupation. Si l’ambition est plus que louable, il convient de revenir sur les sources de cette complexification dénoncée. Celles-ci sont naturellement multiples et imposent de regarder en arrière.

En 2015, avec la signature de l’Accord de Paris, 194 pays décident d’adopter des mesures afin de réduire les impacts du changement climatique. S’en est suivi le développement d’arsenaux sous forme de poupées russes visant à décliner ces ambitions à l’échelle européenne (le Green Deal) et nationale (par exemple en France avec la loi climat et résilience).

De ces régulations découlent des dispositifs venant successivement taxer, réglementer ou instaurer des marchés de droits à polluer pour les entreprises. Celles-ci se retrouvent face à un dilemme : s’adapter quand elles le peuvent, externaliser leurs pollutions quand elles le souhaitent.

Pour une majorité d’entrepreneurs, l’empilement de ces arsenaux synonymes de contraintes supplémentaires conduit au sentiment de subir la transition, faute d’alternative technologique ou d’accompagnement dédié.

Or cette transition doit se faire avec les entrepreneurs, et non contre eux. Ce sont les entrepreneurs qui sont les plus à même de faire advenir la transition, moins par des objectifs abstraits que par des réussites concrètes.

Nouveaux procédés de recyclage des matières plastiques dans l’alimentaire, utilisation de matériaux alternatifs pour la construction de logements, solutions de dépollution des moteurs par injection d’hydrogène, production de chaleur à partir de biocombustibles : en partant d’un besoin précis, en développant une réponse adaptée et en engageant tous les moyens nécessaires pour la généraliser, les entrepreneurs créent les solutions dont la transition a besoin.

On peut toujours tenter d’apporter une réponse globale mais forcément inaboutie car incomplète, ou bien laisser les entrepreneurs s’attaquer à des verticales bien précises. En mobilisant leur expertise, leur audace et leur énergie, ce sont les mieux placés pour apporter une réponse efficace et effective à des problèmes concrets.

La véritable « planification écologique » consiste donc moins à définir des plans sans lendemain– si ce n’est toujours plus de contraintes reposant sur les entrepreneurs – qu’à identifier les solutions qui essaiment le territoire national et les accompagner dans leur passage à l’échelle avec un seul indicateur : la capacité de réduire concrètement les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Mises ensemble, ces solutions engageront un mouvement autoentretenu de transition qui se diffusera à l’ensemble des secteurs économiques. Il est urgent de ne plus attendre. Il est (encore) possible d’agir sans contraindre. Il est surtout crucial de sortir de la résignation les entrepreneurs les plus vertueux.

Cette logique alliant innovation et décarbonation doit être accélérée en mettant les efforts sur des initiatives qui voient le jour, prouvent leur utilité et permettent d’agir.