Un défi budgétaire de 110 milliards pour le futur gouvernement français
Avec une dette publique en constante augmentation, les options pour maîtriser les finances de l'État se restreignent. Les économistes proposent un plan d'action sur plusieurs années pour limiter les impacts.
Face à la pression des institutions européennes et une dette publique en constante augmentation, le prochain gouvernement français devra s'atteler à une mission de taille : économiser 110 milliards d'euros. Cette somme, nécessaire pour redresser les finances publiques et respecter les accords européens, impose des choix politiques et économiques cruciaux, avec des conséquences significatives pour l'avenir du pays.
Un contexte budgétaire sous surveillance européenne
Depuis juin, la France est placée sous le régime de la "procédure pour déficit excessif" par la Commission européenne, ce qui impose des exigences budgétaires strictes. Selon une étude récente du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications) , relayée par Les Echos, la France devra trouver 110 milliards d'euros d'économies dans les années à venir pour se conformer aux nouvelles règles budgétaires européennes.
Ces règles, entrées en vigueur au printemps dernier, sont claires : les États membres doivent adopter des trajectoires budgétaires permettant de ramener le déficit sous la barre des 3% du PIB et de réduire progressivement la dette publique.
François Langot, économiste et co-auteur de l'étude du Cepremap, explique que "pour que notre trajectoire budgétaire soit acceptable au regard des traités européens, il faut faire 110 milliards d'euros d'économies. On peut choisir de le faire sur quatre ans ou sur sept ans - cette dernière option pénalisant moins la croissance - mais l'objectif reste le même".
Un ajustement budgétaire étalé sur sept ans
Les économistes du Cepremap suggèrent d'étaler cet effort budgétaire sur sept ans, afin de limiter les impacts négatifs sur la croissance économique. Cette approche permettrait de réaliser un ajustement moins brutal, avec des économies initiales de 20 milliards d'euros en 2025 et en 2026, avant de poursuivre l'effort les années suivantes.
"Il est préférable pour la France de solliciter un ajustement sur sept ans, afin de maximiser la croissance économique, préserver l'emploi et le pouvoir d'achat", résume François Langot.
Un ajustement plus rapide, sur quatre ans par exemple, nécessiterait un plan de rigueur beaucoup plus strict, avec des économies annuelles comprises entre 25 et 30 milliards d'euros d'ici à 2028. Cette option, bien que plus rapide, pourrait freiner la croissance et accroître les tensions sociales.
Les décisions politiques à venir
Au-delà des chiffres, les choix budgétaires à venir seront fortement influencés par des considérations politiques. La question centrale reste de savoir comment ces économies seront réalisées : doit-on privilégier des réductions de dépenses ou une augmentation des impôts ?
Les économistes du Cepremap ont également souligné l'importance de préserver certains secteurs, notamment en augmentant les transferts d'assistance (santé, pauvreté) tout en réduisant ceux indexés sur les revenus (retraites, chômage). Cette stratégie vise à atteindre les objectifs d'économie tout en évitant de creuser les inégalités ou de compromettre la croissance.