Télécoms : SFR en difficulté, les abonnés fuient et la dette explose

En quelques mois, le fournisseur de télécommunications français enregistre un recul marqué de ses abonnés, aggravant une situation économique délicate.

Le deuxième trimestre 2024 a été particulièrement difficile pour SFR, la filiale française d'Altice, avec une perte significative d'abonnés et une dégradation de ses performances financières. Cette période sombre pour l'opérateur reflète les défis croissants auxquels il doit faire face dans un marché des télécommunications de plus en plus compétitif.

Une fuite massive des abonnés et un chiffre d'affaires en baisse

SFR a subi une importante perte de clients au deuxième trimestre 2024, confirmant une tendance déjà observée au cours des périodes précédentes. L'opérateur a vu son nombre d'abonnés mobiles chuter de 343 000, pour atteindre 19,6 millions, tandis que le segment fixe a enregistré une baisse de 87 000 abonnés, réduisant le total à 6,2 millions.

Cette érosion de la base de clients intervient alors que la concurrence dans le secteur des télécommunications en France s'intensifie, avec des acteurs tels que Free et Orange qui continuent de grignoter des parts de marché.

Cette diminution du nombre d'abonnés a eu un impact direct sur les performances financières de SFR. Le chiffre d'affaires de l'opérateur a baissé de 5,2% par rapport à l'année précédente, pour s'établir à 2,542 milliards d'euros au deuxième trimestre. L'Ebitda, indicateur clé de la rentabilité, a également chuté de 7,5%, atteignant 913 millions d'euros.

Malo Corbin, directeur financier d'Altice France, a déclaré lors d'une présentation aux investisseurs que "Nous continuons à observer une intense concurrence sur le marché mobile, en particulier de la part des marques en ligne sur le segment bas du marché". Cette déclaration, citée dans Les Echos, souligne la pression que SFR subit de la part de ses concurrents.

Une dette colossale qui pèse sur l'avenir de l'opérateur

La situation financière de SFR est d'autant plus préoccupante en raison de l'endettement massif du groupe. À la fin du deuxième trimestre 2024, la dette nette d'Altice France atteignait 24,4 milliards d'euros, un montant qui dépasse largement les objectifs fixés par l'entreprise. Altice avait pourtant annoncé son intention de ramener son niveau d'endettement à moins de 4 fois son Ebitda selon Le Figaro, contre plus de 6 fois actuellement, mais la réalité semble bien plus complexe.

Cette dette constitue un frein majeur à la capacité de SFR d'investir dans de nouveaux projets et de se repositionner sur le marché. Selon Stéphane Beyazian, analyste chez Oddo, "En dix ans, ils ont ratissé tout le marché, c'est-à-dire que tout le monde est passé à un moment ou un autre chez RED ou SFR et n'y revient plus", soulignant la difficulté pour SFR de renouveler sa base de clients dans un contexte de forte concurrence.

Altice France ébranlé par des scandales internes

En parallèle des difficultés financières, Altice France doit également faire face à des turbulences internes qui fragilisent davantage l'opérateur. Un scandale de corruption impliquant Armando Pereira, cofondateur du groupe et dirigeant de la filiale portugaise, a éclaté il y a un an. Accusé d'avoir mis en place un réseau de fournisseurs douteux pour détourner des fonds via la politique d'achats du groupe, Armando Pereira conteste ces accusations. Une enquête a été ouverte en France en septembre 2023 par le parquet national financier, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à la situation déjà délicate d'Altice.

Ces éléments combinés créent une situation explosive pour SFR, où la perte de clients, la baisse des revenus, l'endettement croissant et les scandales internes posent de sérieux défis à l'opérateur dans sa quête de redressement.