Réduction des taux en Europe : la BCE prête à agir face à la stagnation économique
Avec une croissance quasi stagnante et des perspectives économiques fragiles, les gouverneurs de la BCE sont sous pression pour prendre des décisions visant à relancer l'activité sur le continent.
Le ralentissement économique en zone euro pousse la Banque Centrale Européenne (BCE) à envisager une nouvelle baisse de ses taux directeurs. Cette décision, qui devrait être officialisée le jeudi 12 septembre, s'inscrit dans un contexte de stagnation économique marqué par une faible croissance et un recul de l'inflation dans les principales économies européennes.
La stagnation économique : un défi majeur pour la BCE
Depuis plusieurs mois, l'économie de la zone euro montre des signes de faiblesse. La croissance a été révisée à la baisse à 0,2% au deuxième trimestre 2024, selon Eurostat relayé par BFMTV.
Ce chiffre témoigne des difficultés rencontrées par plusieurs économies européennes, notamment l'Allemagne, qui voit son Produit Intérieur Brut (PIB) reculer. La faiblesse de l'économie allemande, considérée comme le moteur de la zone euro, inquiète particulièrement les analystes.
La situation économique globale en Europe contraste fortement avec celle des États-Unis. Alors que la croissance américaine depuis 2019 a atteint 9,4%, celle de la zone euro ne s'élève qu'à 4%. Cette divergence s'explique par plusieurs facteurs, dont l'impact plus sévère de la crise énergétique en Europe, causée par la guerre en Ukraine, et des dépenses budgétaires moins importantes par rapport aux États-Unis, où d'importants crédits ont été accordés pour réindustrialiser le pays.
Face à cette stagnation, la BCE a déjà entamé une politique d'assouplissement monétaire en réduisant ses taux directeurs en juin 2024. La décision de cette semaine devrait confirmer une nouvelle réduction de 25 points de base, faisant passer le taux de dépôt de 3,75% à 3,5%.
Les arguments pour une nouvelle baisse des taux
La baisse des taux d'intérêt vise principalement à relancer l'économie en facilitant l'accès au crédit pour les entreprises et les ménages. L'inflation en zone euro a ralenti à 2,2% en août, tandis qu'elle est même passée sous les 2% en France et en Allemagne. Cette tendance à la baisse de l'inflation est perçue comme une opportunité pour la BCE d'agir et d'assouplir davantage sa politique monétaire.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a récemment déclaré qu'une nouvelle baisse de taux serait "juste et sage" dans le contexte actuel, cité par Les Echos.
Cependant, des divergences apparaissent au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE. Isabel Schnabel, membre du directoire et représentante des faucons, prône une approche plus prudente. Selon elle, l'inflation intérieure "reste élevée à 4,4%", notamment à cause des prix des services, ce qui justifie une vigilance accrue avant de procéder à de nouvelles baisses de taux..
Les implications pour l'avenir économique de la zone euro
L'une des préoccupations majeures concernant cette nouvelle baisse des taux est l'impact qu'elle pourrait avoir sur la stabilité des prix et l'inflation future. La BCE, sous la direction de Christine Lagarde, reste cependant déterminée à adapter ses décisions en fonction des données économiques disponibles, une approche qualifiée de "dépendance aux données" par Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Les projections économiques de la BCE, attendues lors de la réunion du jeudi 12 septembre, devraient fournir plus de clarté sur la direction à prendre. En cas de révision à la baisse des prévisions de croissance, une accélération des baisses de taux pourrait être envisagée dans les mois à venir. À l'inverse, si les perspectives s'améliorent, la BCE pourrait adopter une approche plus modérée.