La Fed face au dilemme d'une baisse modérée ou audacieuse

La Fed face au dilemme d'une baisse modérée ou audacieuse En pleine phase de ralentissement économique, la banque centrale américaine s'apprête à ajuster sa politique monétaire, sous la pression des marchés et face à des signaux mitigés sur l'économie.

Ce mercredi, après des mois d'ajustements pour contenir la hausse des prix, les membres du Comité de politique monétaire de la Fed doivent décider de l'ampleur de cette réduction. Les taux directeurs, actuellement fixés entre 5,25% et 5,50%, avaient été relevés pour juguler une inflation qui a atteint des sommets en 2022. Aujourd'hui, avec une inflation stabilisée à 2,5%, des voix s'élèvent pour un assouplissement de la politique monétaire.

Ce débat crucial, qui oppose partisans d'une baisse modérée et défenseurs d'une action plus marquée, pourrait avoir des conséquences majeures sur l'économie américaine. Entre prudence et audace, la Fed doit maintenant choisir sa voie, alors que les marchés attendent impatiemment.

Une économie en phase de réajustement

Depuis le début de l'année, les signaux d'un ralentissement de l'économie américaine se multiplient. L'emploi, longtemps moteur de la croissance, montre des signes d'essoufflement. Le taux de chômage, après avoir diminué jusqu'à 3,5% en janvier 2023, a grimpé à 4,2% en août, et les créations d'emplois se sont fortement réduites.

Selon William Dudley, ancien président de la Fed de New York cité par Le Figaro, "l'emploi a progressé à son rythme le plus faible depuis 2020", et le ratio des postes non pourvus rapporté au nombre de chômeurs a chuté de manière significative. Pour de nombreux économistes, cette évolution justifie une baisse plus agressive des taux directeurs afin de stimuler l'activité économique.

D'un autre côté, certains experts estiment que la prudence est de mise. Ils considèrent qu'une baisse de 0,25 % serait suffisante pour relancer l'économie, sans prendre le risque de créer de nouvelles tensions inflationnistes.

L'incertitude des marchés

Les marchés financiers, quant à eux, oscillent entre deux scénarios. Selon une évaluation du CME Group, relayée par Challenges, deux tiers des acteurs du marché s'attendent à une baisse plus marquée de 0,50%, tandis qu'un tiers seulement table sur une réduction plus modeste de 0,25%.

Pour Krishna Guha, économiste chez Evercore, une action forte de la part de la Fed pourrait renforcer la confiance des marchés et prévenir une dégradation plus rapide de l'économie. Il mise ainsi sur un "+50 de départ", une stratégie qui, selon lui, ne serait pas suivie de nombreuses autres baisses mais aurait l'effet d'un coup d'accélérateur temporaire.

La position de Jerome Powell, président de la Fed, sera déterminante. Lors de son intervention en août dernier au symposium de Jackson Hole, il avait laissé entendre que la Fed était prête à assouplir sa politique monétaire.

Un contexte international sous surveillance

La décision de la Fed s'inscrit dans un cadre plus large, alors que d'autres grandes banques centrales ont déjà commencé à assouplir leur politique monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) a initié des baisses de taux dès l'été 2023, tout comme la Banque du Japon et la Banque d'Angleterre.

Cependant, les États-Unis, en tant que première économie internationale, occupent une position centrale, et toute décision de la Fed est scrutée de près par les marchés internationaux. L'impact d'une baisse des taux américains pourrait se répercuter sur l'ensemble des économies mondiales, notamment en Europe, où les marchés surveillent de près la dynamique américaine.