La France voit sa dette dépasser celle de ses voisins européens

La France voit sa dette dépasser celle de ses voisins européens Les tensions sur les marchés obligataires mettent en lumière la vulnérabilité financière de la France, avec des taux d'emprunt désormais plus élevés que ceux des autres grandes économies européennes.

La dette publique française atteint de nouveaux sommets, avec des chiffres qui reflètent une situation budgétaire de plus en plus préoccupante. Face à une instabilité politique persistante et des besoins de financement croissants, la France se retrouve dans une position délicate sur les marchés financiers, surpassant désormais certains de ses voisins européens en matière de coûts d'emprunt.

Une montée incontrôlable de la dette publique

Selon les dernières données publiées par l'Insee ce vendredi et relayée par Le Figaro, la dette publique française continue son envolée, atteignant 3 228,4 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre 2024, soit 112% du PIB.

En seulement sept ans, la France a accumulé plus de 900 milliards d'euros de dettes supplémentaires, un chiffre qui reflète la dérive des finances publiques. Le cap symbolique des 3 000 milliards d'euros avait déjà été franchi en 2023, et la situation continue de se dégrader.

Cette croissance exponentielle de la dette est en partie due à des mesures de soutien massives, telles que le "quoi qu'il en coûte" mis en place pendant la pandémie de Covid-19. 

Depuis 2019, la France a ajouté environ 760 milliards d'euros à son passif, notamment en raison des efforts pour soutenir le pouvoir d'achat et relancer l'économie après la crise sanitaire.

Comparaison avec les autres pays européens

La France se distingue aujourd'hui comme l'un des mauvais élèves de la zone euro. Avec un ratio dette/PIB de 112% au deuxième trimestre 2024, elle dépasse largement la moyenne européenne de 88,7%. Seules la Grèce et l'Italie affichent des niveaux d'endettement supérieurs à celui de l'Hexagone.

Pendant ce temps, des pays comme la Grèce, le Portugal et même la Croatie ont réussi à réduire leur ratio d'endettement, soulignant la stagnation française dans la maîtrise de ses finances publiques.

L'instabilité politique joue également un rôle majeur dans cette dégradation. La dissolution de l'Assemblée nationale et l'incertitude autour des réformes budgétaires ont affaibli la crédibilité de la France sur les marchés.

Cette situation se reflète dans le fait que la France emprunte désormais à des taux plus élevés que ses voisins comme l'Espagne et même la Grèce, qui étaient autrefois considérés comme des pays à haut risque.

Une flambée des coûts à maîtriser

Cette situation alarmante a poussé plusieurs personnalités à tirer la sonnette d'alarme. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a récemment déclaré : "Sur les seuls intérêts de la dette — je ne parle même pas de son remboursement — nous allons dépenser plus que pour l'école". Cette remarque met en lumière l'ampleur des coûts d'emprunt croissants qui pèsent sur le budget de l'État.

Pierre Moscovici, de la Cour des comptes, a également souligné l'urgence d'agir, en insistant sur le besoin de réduire les dépenses publiques sans affecter la qualité des services. "Cet effort-là, il faut le faire : il est exigeant, bien sûr, mais il n'est nullement impossible", a-t-il ajouté.

Le gouvernement, conscient de la gravité de la situation, se prépare à prendre des mesures lors de la présentation du projet de loi de finances. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a reconnu que la situation était "grave", selon La Tribune. Tandis que le Premier ministre, Michel Barnier, a exclu une hausse d'impôts généralisée, tout en évoquant des ajustements ciblés pour les entreprises et les ménages les plus aisés.