Soupçon d'emploi fictif : pourquoi Le Canard Enchaîné passe-t-il au tribunal ?

Soupçon d'emploi fictif : pourquoi Le Canard Enchaîné passe-t-il au tribunal ? Quatre anciens du Canard Enchaîné doivent comparaitre ce mardi devant le tribunal judiciaire de Paris pour "abus de biens sociaux" et "recel d'abus de biens sociaux". Face à eux, sept journalistes de la rédaction.

Le procès doit s'ouvrir ce mardi 8 octobre et durer quatre jours. L'ancien président de la société du Canard Enchainé Michel Gaillard, son ancien directeur Nicolas Brimo, le dessinateur André Escaro et son épouse Edith Vandendaele comparaissent devant le tribunal judiciaire de Paris, accusés d'"abus de biens sociaux", de "recel d'abus de biens sociaux", d'"obtention frauduleuse de la carte de presse", de "déclaration mensongère en vue d'obtenir un avantage indu" et de "faux en écritures privées".

L'affaire a éclaté en 2022, lorsqu'un journaliste de la rédaction du journal satirique, Christophe Nobili, a signalé un possible emploi fictif au parquet de Paris : en cause, la rémunération touchée par Edith Vandendaele, épouse d'André Escaro, depuis 1996, année de départ en retraite du dessinateur. Une enquête a alors été confiée à la brigade financière.

Plus de 1,4 million d'euros de préjudice

A l'issue de l'enquête, des témoignages concordants au sein de la rédaction ont semblé indiquer que le travail d'Edith Vandendaele se résumait à envoyer les dessins de son mari par mail ou par fax puis à téléphoner, chaque mardi, pour s'assurer qu'ils avaient bien été réceptionnés. La direction du journal assure pour sa part qu'Edith Vandendaele assistait son mari en réalisant pour lui des revues de presse. L'intéressée a indiqué aux enquêteurs que son "travail d'assistance était immatériel", selon les informations Le Monde.

Les enquêteurs suspectent qu'Edith Vandendaele a commencé à être rémunérée "à la place" de son mari, à hauteur de 3000 à 5600 euros par mois hors primes, à la suite du départ en retraite de ce dernier, qui a continué malgré tout de produire des dessins pour Le Canard Enchaîné. En raison de la prescription, la justice se concentre sur les revenus perçus entre 2010 et 2022, soit un préjudice de 1.456.554 euros. 

Vendredi dernier, six journalistes de la rédaction du journal satirique ont décidé de se constituer parti civil dans ce procès, aux côtés de leur collègue Christophe Nobili, "dans l'intérêt exclusif du journal".