Budget 2025 : les nouvelles taxes posent question
Face à un déficit croissant, le gouvernement mise sur plusieurs hausses d'impôts en 2025 pour redresser les finances publiques. Pourtant, des doutes se multiplient quant à la capacité de ces nouvelles taxes à atteindre les objectifs fixés, mettant en péril l'équilibre budgétaire escompté.
Des recettes fiscales fragiles face aux prévisions optimistes
Dans le cadre de la réduction du déficit public à 5% du PIB en 2025, le gouvernement prévoit de générer près de 30 milliards d'euros grâce à une série de hausses d'impôts et de cotisations. Ce plan repose en grande partie sur trois mesures fiscales phares : la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, l'impôt minimum sur les très hauts revenus, et la hausse des taxes sur l'électricité.
L'objectif est de combler les lacunes budgétaires causées par des recettes fiscales insuffisantes en 2023 et 2024, qui avaient dévié des attentes du gouvernement. Mais les doutes sont nombreux quant à la capacité de ces nouvelles taxes à atteindre les montants espérés.
Le ministre des Finances, Laurent Saint-Martin, ainsi que le ministre de l'Économie, Antoine Armand, ont présenté ce budget en estimant que ces mesures rapporteraient près de 30 milliards d'euros. Parmi elles, trois mesures sont censées générer à elles seules près de 13,5 milliards d'euros de recettes. Pourtant, ces estimations sont déjà contestées.
Surtaxe sur les bénéfices, des attentes difficiles à réaliser
L'une des principales sources de recettes du budget 2025 repose sur la surtaxe imposée aux plus grandes entreprises. Cette mesure temporaire devrait s'appliquer pendant deux ans aux 440 plus grands groupes de l'Hexagone, rapportant 8,5 milliards d'euros dès l'année prochaine.
Cependant, plusieurs observateurs jugent cette prévision trop optimiste. Bien que des entreprises comme LVMH aient déjà indiqué qu'elles s'attendaient à contribuer à hauteur de 700 à 800 millions d'euros, et Safran ait estimé une facture de 500 millions sur deux ans, les possibilités d'optimisation fiscale pourraient réduire significativement les montants prévus.
Certains responsables d'entreprises touchées par cette surtaxe doutent même, en privé selon Les Echos, de la capacité du gouvernement à récolter l'intégralité des sommes espérées.
Impôt minimum pour les hauts revenus, un rendement incertain
Le gouvernement prévoit également la mise en place d'un impôt minimum de 20% pour les très hauts revenus. Cette mesure, appelée "contribution différentielle sur les hauts revenus", est censée éviter que les foyers les plus aisés puissent descendre leur taux d'imposition en dessous de ce seuil, et devrait générer 2 milliards d'euros en 2025.
Cependant, les experts, y compris ceux de la Direction de la législation fiscale de Bercy, estiment que ce montant sera difficile à atteindre. Le nombre de foyers concernés, estimé à environ 24 300, ainsi que les possibilités d'optimisation fiscale, pourraient réduire de façon notable l'efficacité de cette mesure.
L'une des principales inquiétudes est que, grâce à l'effet temporaire de cette contribution, certains contribuables pourraient retarder ou ajuster leurs revenus pour minimiser leur taux d'imposition, réduisant ainsi le rendement de cette taxe.
Taxes sur l'électricité, une impasse de 3 milliards d'euros ?
Enfin, la hausse des taxes sur l'électricité représente une autre composante majeure du budget 2025. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a cependant exprimé de sérieux doutes sur la capacité de cette mesure à rapporter les 3 milliards d'euros attendus.
Le gouvernement a prévu de relever la taxe finançant la rénovation des réseaux électriques, tout en promettant de réduire les factures d'électricité des ménages de 9% en février prochain.
La CRE a alerté sur le fait que ces deux engagements pourraient être incompatibles. Si les factures diminuent pour les ménages, cela laisserait un trou de plusieurs milliards dans les recettes prévues. Malgré cela, le ministère des Finances a déclaré avoir pris en compte ces facteurs dans ses prévisions, sans toutefois fournir plus de détails.