Réforme de la fonction publique : la CGT dénonce un projet jugé populiste et dangereux
La réforme des arrêts maladie dans la fonction publique, inscrite dans le Budget 2025, cristallise les tensions. Le projet, porté par le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, propose de durcir les conditions d'indemnisation, provoquant la colère des syndicats, notamment de la CGT, qui dénonce une stigmatisation injuste des fonctionnaires. Dans ce contexte tendu, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, multiplie les prises de position contre ce qu'elle considère comme une mesure populiste et dangereuse.
Réduire l'absentéisme et les dépenses publiques
Le projet de réforme proposé par le gouvernement prévoit un allongement de la période de carence pour les fonctionnaires, la faisant passer de un à trois jours, avec une indemnisation réduite à 90% du salaire, contre 100% aujourd'hui.
Cette mesure vise à aligner la fonction publique sur les pratiques du secteur privé, une logique défendue par Guillaume Kasbarian, pour qui l'objectif est de "ne pas mettre le sujet sous le tapis" et d'"envoyer ce signal de responsabilisation" dans le secteur public. Cité par Le Figaro, il précise que "rien ne changera pour les affections de longue durée", et il estime que ces ajustements permettront de réaliser une économie d'environ 1,2 milliard d'euros.
Cependant, la CGT et d'autres organisations syndicales rejettent cet argument, avançant que les conditions de travail dégradées dans la fonction publique, et non l'absentéisme, constituent le réel problème. Pour Sophie Binet, les fonctionnaires "ne sont pas des boucs émissaires" de la dette, rappelant que ces travailleurs ont déjà subi les répercussions de précédentes réformes. "Il faut arrêter de faire comme si les fonctionnaires étaient le problème", a-t-elle déclaré lors de son intervention sur RMC, relayé par Ouest-France.
Les conséquences sur les fonctionnaires, notamment les femmes
D'après Sophie Binet, cette réforme aura des répercussions négatives sur les agents publics, particulièrement sur les femmes, qui représentent une large proportion des effectifs de la fonction publique et sont "très concernées par les arrêts courts, par exemple en cas d'endométriose".
Elle estime que cette mesure pourrait fragiliser davantage cette catégorie de travailleurs, déjà exposée à des salaires inférieurs et à des conditions de travail souvent plus difficiles que dans le secteur privé. "Les fonctionnaires ne demandent que ça d'avoir des salaires alignés sur le privé", affirme la Secrétaire générale de la Confédération générale du travail, ajoutant que ces inégalités sont particulièrement marquées depuis une quinzaine d'années.
Par ailleurs, les syndicats contestent l'argument de l'alignement avec le privé avancé par le gouvernement, rappelant que dans le secteur privé, les trois jours de carence sont souvent compensés par des accords de branche ou d'entreprise, qui permettent de les indemniser dès le premier jour d'arrêt.
La CGT appelle à la mobilisation et propose des alternatives fiscales
En réponse à ce projet, la CGT envisage de multiplier les actions de protestation dans la fonction publique. Sophie Binet a d'ores et déjà prévenu que "des mobilisations se construisent", soulignant les tensions dans le secteur hospitalier où des grèves sont en cours pour dénoncer des conditions de travail jugées dégradées. La CGT appelle ainsi les agents publics à se mobiliser pour contrecarrer cette réforme, qu'elle considère comme une menace pour les droits des fonctionnaires et la qualité des services publics.
Plutôt que de réduire les indemnités des fonctionnaires, Sophie Binet préconise d'explorer des options fiscales pour combler le déficit public. Elle propose de "taxer les dividendes, taxer les rachats d'actions, rétablir l'ISF, rétablir la fiscalité sur les grandes entreprises", estimant que ces mesures seraient plus justes et efficaces pour répondre aux besoins budgétaires.
Selon elle, "il faut prendre l'argent là où il est, c'est-à-dire chez les plus riches et dans les plus grandes entreprises" qui bénéficient des politiques économiques actuelles. Ces propositions fiscales constituent une alternative que la CGT présente comme plus équilibrée, évitant de stigmatiser les fonctionnaires et de porter atteinte aux services publics.