Prévisions budgétaires : Bercy réunit un comité scientifique face aux critiques
Pour répondre aux écarts budgétaires observés, une équipe d'économistes se penchera sur les méthodes de prévision et la transparence des données publiques.
Face à des prévisions budgétaires erronées qui ont accentué le déficit public, Bercy réagit en réunissant un comité scientifique d'experts pour analyser les causes de ces écarts et améliorer la précision des modèles financiers. Avec des critiques montantes sur la gestion budgétaire et des demandes de transparence accrues, le ministère de l'Économie espère, grâce à ce groupe, éviter de nouvelles dérives et rétablir la confiance dans ses projections.
Un comité d'experts pour encadrer les prévisions financières
Les récentes erreurs de prévisions budgétaires ont engendré un déficit plus important que prévu, marquant une déviation notable des finances publiques en 2023. Le ministre de l'Économie, Antoine Armand, et le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, ont pris des mesures pour répondre aux critiques en créant un comité scientifique. Ce groupe, formé de neuf experts issus du monde académique et financier, devra fournir des propositions visant à améliorer la qualité des prévisions économiques et budgétaires.
Les membres de ce comité, comprenant des figures comme Laurent Bach (Essec) et Jean-Luc Tavernier (Insee), ont été reçus par les ministres ce jeudi. Ils devront, dans un premier temps, concentrer leurs travaux sur les outils actuels de prévision, jugés insuffisants.
Ce comité se donne pour mission de rendre ses conclusions à mi-décembre, en amont de débats importants sur les finances publiques. Selon les termes des ministres relayés par Le Figaro, son travail sera "complémentaire" à celui de l'Inspection Générale des Finances (IGF), qui enquête de son côté sur l'écart de 21 milliards d'euros entre les prévisions et les recettes effectives de 2023. Selon l'IGF, cet écart serait dû à des facteurs externes imprévisibles, à hauteur de 80%.
Transparence et crédibilité au cœur des objectifs
Outre l'amélioration des prévisions, le comité s'attache également à renforcer la transparence des finances publiques, en mettant à disposition des informations claires pour les parlementaires et le grand public. "Le suivi des dépenses et recettes de l'État est assuré sur une base mensuelle", a rappelé le ministère, ajoutant que les ministres souhaitent "renforcer la clarté et l'intelligibilité des informations", comme rapporté dans Les Echos.
Malgré la priorité affichée par l'Élysée sur la parité dans les instances publiques, ce comité ne comprend qu'une seule femme, Valérie Plagnol, présidente du Cercle des Épargnants. Ce déséquilibre a déjà suscité des réactions, notamment parce que la parité avait été désignée comme "la grande cause" des quinquennats du président Macron, selon La Tribune.
Réaction et calendrier d'actions
Les enjeux de cette initiative sont également soulignés par des observateurs critiques. Lors d'une réunion de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale, des élus comme Éric Ciotti (UDR) ont exprimé leur volonté de clarifier les responsabilités. "Il y a un problème de crédibilité sur les prévisions", a-t-il affirmé lors des échanges.
Ces questionnements interviennent dans un contexte tendu, alors qu'une commission d'enquête parlementaire se prépare à auditionner plusieurs responsables budgétaires dès début décembre.
Le comité scientifique doit livrer ses premières recommandations à la mi-décembre, permettant ainsi aux ministres d'anticiper les ajustements nécessaires pour l'année suivante.