Médicaments : une facture salée pour la Sécurité sociale en 2024
L'année 2024 marque un tournant préoccupant pour les finances publiques françaises. Les dépenses en médicaments explosent, mettant en lumière des dérives budgétaires inattendues. Ce dérapage fragilise davantage une Sécurité sociale déjà sous pression et contraint l'exécutif à ajuster ses mesures pour tenter de colmater les brèches.
Une explosion inattendue des dépenses
En 2024, les dépenses de la Sécurité sociale liées aux médicaments dépassent de 1,2 milliard d'euros les prévisions initiales, selon Les Échos. Cette augmentation imprévue intervient alors que le déficit global de la Sécurité sociale est déjà estimé à 18,5 milliards d'euros, contre les 10,5 milliards initialement prévus, comme le confirme un rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale.
Un porte-parole de Bercy a confirmé au Figaro qu'"un risque a été détecté récemment par la direction de la Sécurité sociale concernant les dépenses de médicaments en 2024". Bien que le ministère n'ait pas souhaité commenter le montant exact, il reconnaît que le Parlement a été informé de cette situation.
Pour tenter de contenir cette flambée, le gouvernement s'apprête à déposer des amendements au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) lors de son examen au Sénat. Ces amendements viseront à "freiner davantage la dépense pour tenir compte de ce risque, en responsabilité", a précisé Bercy.
Les causes d'un dépassement critique
Plusieurs facteurs expliquent cette dérive budgétaire. Une baisse inattendue des remises accordées par les laboratoires pharmaceutiques en est l'une des principales raisons. Ces remises, qui permettent habituellement de réduire le coût réel des médicaments pour l'Assurance maladie, se sont révélées insuffisantes cette année.
Thierry Hulot, président du LEEM, principal lobby du secteur, a déclaré : "si les remises sont moins importantes, il y a eu moins de ventes donc, au contraire, le budget est sous contrôle. Ce n'est pas un dérapage mais un décalage de trésorerie."
En parallèle, les innovations thérapeutiques coûteuses et la demande croissante pour des dispositifs médicaux, tels que les implants cardiovasculaires ou les pansements avancés, ont également contribué à creuser le budget.
Des mesures qui divisent le secteur pharmaceutique
Pour freiner l'augmentation des dépenses, le gouvernement envisage de revoir à la hausse la clause de sauvegarde, un mécanisme fiscal obligeant les laboratoires à contribuer financièrement lorsque les dépenses de médicaments dépassent un certain seuil. Initialement plafonnée à 1,6 milliard d'euros, cette contribution pourrait être augmentée, une décision qui suscite de vives réactions parmi les industriels.
Thierry Hulot a critiqué cette mesure dans une déclaration : "Que vaut la parole d'un gouvernement aujourd'hui ?". Il s'est également alarmé des impacts potentiels de cette instabilité fiscale sur l'attractivité de la France et les investissements dans la recherche et développement. "Si vous voulez tuer l'attractivité française, vous vous y prenez comme cela", a-t-il ajouté.