Attractivité de la France : l'incertitude budgétaire freine les investisseurs étrangers

Attractivité de la France : l'incertitude budgétaire freine les investisseurs étrangers La dissolution de l'Assemblée nationale et l'incertitude budgétaire impactent l'attractivité de la France, comme le révèle une enquête EY. Près de la moitié des investisseurs étrangers revoient leurs projets d'investissement dans l'Hexagone.

L'attractivité de la France, longtemps leader en Europe pour les investissements étrangers, est mise à mal depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024. Entre incertitudes législatives, hausse de la fiscalité et report de nombreux projets, le dernier baromètre EY dresse un constat préoccupant pour l'économie française.

La dissolution de l'Assemblée nationale

Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, la perception de la France par les investisseurs étrangers s'est dégradée. Selon une édition spéciale du baromètre EY, relayée par Le Figaro, 49% des 200 dirigeants étrangers interrogés ont réduit ou reporté leurs projets d'investissement. Ce chiffre, révélateur, témoigne de l'impact direct de l'instabilité politique sur la stratégie des entreprises internationales.

"L'incertitude provoque un attentisme sur les décisions d'investissements. Les nouvelles règles du jeu en matière de fiscalité, voici le premier sujet de préoccupation", a expliqué Marc Lhermitte, responsable au plan mondial du conseil des activités liées à la compétitivité et à l'attractivité, cité par La Tribune.

Parmi les facteurs de cette méfiance, 59% des investisseurs évoquent une incertitude législative et réglementaire, 47% pointent le ralentissement des réformes économiques, et 40% déplorent la remise en cause de décisions publiques dans des secteurs stratégiques comme l'énergie ou l'industrie.

Cette situation n'est pas sans rappeler ce qui a marqué un tournant pour le Royaume-Uni. "L'ampleur de la réaction des dirigeants n'est pas une surprise, à la lumière de ce qui s'était passé à la suite du référendum Brexit", a comparé Marc Lhermitte.

Une fiscalité jugée instable et dissuasive

Les mesures budgétaires du gouvernement français amplifient le climat d'incertitude. Le projet de loi de finances 2025 prévoit une surtaxe temporaire sur les 300 plus grandes entreprises et une révision du crédit d'impôt recherche (CIR). Selon le baromètre EY, ces changements inquiètent particulièrement les dirigeants étrangers.

"Les entreprises interrogées estiment que la fiscalité est élevée et qu'imposer une surtaxe, même temporaire, va rendre la "vente" de la France auprès de leur maison mère très compliquée", a précisé Marc Lhermitte. Ce constat s'ajoute à la perception d'un déficit budgétaire en hausse, qui atteint 6,1% du PIB en 2024.

Malgré tout, certains investissements restent programmés, bien que repoussés dans le temps. 84% des dirigeants interrogés ont décidé de reporter leurs projets à 2025 ou au-delà.

Une compétitivité européenne fragilisée mais des atouts préservés

En dépit de ces signaux négatifs, la France conserve certains atouts qui continuent de séduire les investisseurs. Parmi eux, la richesse des compétences disponibles (37%), la capacité d'innovation (29%), et la fiabilité des infrastructures (25%) sont régulièrement mises en avant par les dirigeants étrangers, selon l'enquête EY.

Cependant, la concurrence européenne s'intensifie. Le Royaume-Uni, longtemps en difficulté après le Brexit, regagne progressivement en attractivité : 42% des dirigeants interrogés estiment que son image s'est améliorée par rapport à celle de la France, d'après les données relayées par Ouest France. L'Allemagne, malgré ses propres défis économiques, demeure également une rivale de taille.

Pour maintenir sa compétitivité, la France devra clarifier rapidement ses choix budgétaires et législatifs. "Il y a urgence à clarifier les choix budgétaires, quels qu'ils soient", a réagi Xavier Ragot, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Ce manque de visibilité constitue l'un des principaux freins à l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.