Salaires des cadres : des hausses inédites malgré les défis économiques
Si 2024 s'annonce comme une année charnière pour les cadres avec des augmentations record, ces progrès ne suffisent pas toujours à combler les attentes. Entre inflation, disparités régionales et inégalités persistantes, le marché du travail cadre affiche des avancées encourageantes mais aussi de nombreux défis.
Une dynamique de hausse inédite
L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a révélé dans son baromètre annuel une augmentation salariale record pour les cadres en 2024. Pour la troisième année consécutive, la proportion de cadres ayant bénéficié d'une hausse a progressé, atteignant 60%, un chiffre inédit depuis la création de cet indicateur, souligne Les Echos. En comparaison, cette proportion était de 46% en 2021 et restait historiquement sous la barre des 50% avant la pandémie.
La médiane des cadres en 2024 s'élève à 54 000 euros, soit une progression de 1,9% par rapport à l'année précédente. Cette hausse équivaut à un gain de 1 000 euros par an en moyenne, mais reste limitée dans le contexte d'une inflation toujours élevée. Le salaire moyen, pour sa part, atteint 60 700 euros, en augmentation de 1,6% par rapport à 2023.
Des disparités générationnelles et sectorielles marquées
Malgré ces augmentations globales, les cadres seniors restent les grands oubliés. La médiane des cadres de 50 ans et plus stagne depuis 2021 à 60 000 euros, un écart désormais réduit à seulement 1 000 euros par rapport à leurs homologues quadragénaires. Les raisons avancées par l'Apec incluent un moindre accès à la formation, aux promotions et aux augmentations pour les salariés les plus âgés.
Les jeunes cadres, en revanche, bénéficient davantage de la dynamique actuelle : 74% des moins de 30 ans ont été augmentés en 2024, contre une moyenne générale de 60%. Les entreprises privilégient ces profils jugés stratégiques pour répondre aux évolutions rapides du marché du travail.
Côté secteurs, certains métiers se démarquent par des progressions significatives. Par exemple, les experts-comptables enregistrent une hausse exceptionnelle de +10,8%, tandis que les métiers techniques comme la cybersécurité affichent également des augmentations notables, autour de +9%. À l'opposé, des secteurs comme l'administration ou la supply chain présentent des évolutions plus timides, avec des hausses moyennes ne dépassant pas 2,2%.
Un contexte régional contrasté
Les disparités salariales entre les régions françaises se confirment en 2024. Le Nord-Est se distingue avec une progression salariale moyenne de +6,2%, portée par des secteurs comme l'ingénierie en travaux publics (+9,7%). En revanche, le Sud-Ouest affiche une hausse quasi nulle de +1,2%, faisant de cette région la moins dynamique en termes d'évolution salariale.
L'Île-de-France, région traditionnellement bien positionnée, reste stable avec une progression de +4,3%, tandis que la région PACA enregistre une croissance moyenne de +5,6%, tirée par le commerce et le marketing, où certaines fonctions comme chef de produit marketing voient leur rémunération augmenter de +10,6%, selon Culture RH.
Le pouvoir d'achat et l'égalité salariale toujours en question
Malgré les augmentations enregistrées, plus de 61% des cadres estiment que leur pouvoir d'achat s'est détérioré depuis la crise Covid-19. Cette perception est particulièrement marquée chez les cadres seniors et les jeunes générations, pourtant mieux loties en matière de hausses salariales.
Enfin, l'étude de l'Apec met en lumière une stagnation des progrès sur l'égalité salariale entre hommes et femmes. L'écart à profil équivalent demeure à 6,9%, une amélioration très limitée par rapport à 2019 où cet écart était de 7,1%. Bien que la proportion de femmes augmentées soit désormais équivalente à celle des hommes, l'écart brut reste de 12%, soulignant un enjeu persistant pour les années à venir.