Taux européens en baisse : le rôle des politiques monétaires divergentes
Depuis la victoire de Donald Trump, les rendements obligataires européens affichent un recul notable, révélateur des orientations opposées des politiques monétaires en Europe et aux États-Unis.
Depuis l'élection de Donald Trump, les rendements obligataires européens affichent une baisse marquée, contrastant avec la résilience des taux américains. Ce phénomène reflète des politiques monétaires aux orientations diamétralement opposées, dictées par des priorités économiques spécifiques à chaque région.
Les facteurs derrière la baisse des taux européens
Depuis le 6 novembre, les rendements des obligations d'État européennes ont enregistré une diminution marquée. Les Bunds allemands à 10 ans, baromètre des taux européens, sont passés de 2,48% à 2,19% en moins de trois semaines. Les obligations françaises ont suivi une tendance similaire, avec une baisse de 15 points de base, atteignant 3,05%. Ces chiffres marquent un retour aux niveaux d'avant l'ascension de Donald Trump dans les sondages.
Cette évolution est liée aux anticipations des marchés, qui prévoient une politique monétaire plus accommodante de la Banque centrale européenne (BCE). Les investisseurs tablent désormais sur une baisse du taux de dépôt, potentiellement fixé à 1,75% d'ici juin 2025. Ce scénario impliquerait une série de six baisses consécutives d'un quart de point, débutant dès décembre.
L'objectif principal de ces mesures est de maintenir l'inflation proche de la cible de 2%, un enjeu central pour la BCE. Selon Philip Lane, économiste en chef de la BCE interviewé par Les Echos, une politique trop restrictive pourrait ralentir davantage la croissance en zone euro, rendant cette cible difficilement atteignable. Ce contexte explique pourquoi certains traders anticipent même une réduction d'un demi-point dès janvier.
Pourquoi les taux américains résistent
Contrairement à l'Europe, les rendements américains restent à des niveaux élevés. Les taux à 10 ans, soutenus par une inflation croissante, se maintiennent autour de 4,5%. La politique économique envisagée par Donald Trump, axée sur des baisses d'impôts massives et un protectionnisme accru, joue un rôle central dans cette dynamique.
Les économistes estiment qu'une hausse de 10% des droits de douane entraînerait une augmentation d'environ 1% de l'inflation. De plus, la politique d'immigration restrictive du gouvernement Trump, en réduisant la main-d'œuvre disponible, exerce une pression à la hausse sur les salaires. Cette combinaison de facteurs alimente les attentes d'une inflation persistante, poussant la Réserve fédérale (Fed) à maintenir une posture prudente.
Bien que la Fed ait ajusté ses prévisions pour inclure des baisses de taux, les investisseurs estiment qu'elles seront moins importantes que celles de la BCE. Cette différence de trajectoire reflète les priorités divergentes entre les deux banques centrales : relancer la croissance pour l'Europe et maîtriser les pressions inflationnistes pour les États-Unis.
Une divergence qui s'accentue
Historiquement, les rendements des obligations européennes et américaines évoluent de manière corrélée. Cependant, depuis l'élection de Donald Trump, cette relation a changé. En octobre, les deux marchés ont connu une hausse simultanée des taux, les obligations européennes suivant la trajectoire des Treasuries américains. Mais depuis le 6 novembre, leurs chemins se sont séparés.
Cette divergence s'explique par les anticipations économiques distinctes des deux côtés de l'Atlantique, comme le soulignent Les Echos. En Europe, les inquiétudes portent sur une possible récession, incitant la BCE à agir rapidement pour soutenir l'économie. Aux États-Unis, les risques inflationnistes dominent, limitant la marge de manœuvre de la Fed.
Cette situation met donc en lumière l'impact global des politiques monétaires divergentes sur les marchés financiers. Les investisseurs réajustent leurs stratégies, favorisant les obligations américaines pour leur rendement attractif, tandis que les obligations européennes deviennent une option sécurisée pour les portefeuilles plus prudents.