Budget 2025 : les enjeux d'une motion de censure du gouvernement Barnier pour les marchés financiers

Budget 2025 : les enjeux d'une motion de censure du gouvernement Barnier pour les marchés financiers Alors que les tensions s'intensifient autour du budget 2025, les marchés financiers redoutent une détérioration de la situation économique en France.

Alors que le gouvernement Barnier s'apprête à recourir à l'article 49.3 pour faire adopter le budget 2025, l'opposition prépare une motion de censure. Ce contexte de forte instabilité politique provoque des tensions sur les marchés financiers, déjà ébranlés par une hausse significative du spread entre les obligations françaises et allemandes.

Une instabilité politique aux conséquences économiques immédiates

Le gouvernement Barnier fait face à une absence de majorité à l'Assemblée nationale. Pour faire adopter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et le budget 2025, Michel Barnier envisage de recourir à l'article 49.3. Cependant, cette décision pourrait conduire à une motion de censure, déjà annoncée par la gauche et soutenue par le Rassemblement National. Jordan Bardella, président du RN, a déclaré que son parti voterait la censure, "sauf miracle de dernière minute", selon Les Echos.

Cette incertitude a immédiatement affecté les marchés financiers. Le spread entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans, un indicateur clé de confiance des investisseurs, a grimpé à 86 points de base ce lundi, contre 81 vendredi. Bien que ce niveau reste en dessous des pics de la crise de la zone euro de 2012, les analystes estiment qu'un échec du gouvernement pourrait faire monter cet écart à plus de 100 points de base, rapprochant la situation française de celle de l'Italie (120 points).

Les répercussions d'un budget rejeté

Si le budget 2025 est rejeté, les conséquences pour l'État seraient graves. Le Parlement doit approuver les textes budgétaires avant le 31 décembre pour éviter une paralysie administrative. Sans adoption, le gouvernement pourrait reconduire le budget 2024 par décret, mais cela empêcherait la mise en œuvre de nouvelles mesures nécessaires à la maîtrise du déficit public. Ce scénario, peu apprécié des investisseurs, risquerait d'entraîner une dégradation de la note souveraine française.

Malgré ces incertitudes, S&P Global Ratings a maintenu la note de la France à AA- vendredi dernier, évitant une perspective négative. Cependant, cette décision n'a pas suffi à calmer totalement les marchés, qui redoutent une instabilité prolongée.

La dette française face à une perte de confiance

La France est désormais sous pression des bond vigilantes, ces investisseurs qui surveillent les finances publiques des pays endettés. L'instabilité politique fragilise davantage la position du pays, déjà critiqué pour ses déficits élevés.

Une situation exceptionnelle est apparue : des entreprises françaises comme LVMH ou Airbus parviennent à emprunter à des taux inférieurs à ceux de l'État. Ce phénomène, rare dans les économies développées, illustre une perte de crédibilité des institutions publiques auprès des investisseurs.

Si le gouvernement tombe, les rendements des obligations françaises pourraient se rapprocher de ceux de pays considérés plus risqués, comme la Grèce. Cela augmenterait encore le coût d'emprunt de l'État, limitant sa capacité à financer des réformes budgétaires.

Un risque pour l'Europe

Les effets de cette crise politique ne se limiteraient pas à la France. Une instabilité prolongée pourrait fragiliser l'ensemble de la zone euro. La BCE, déjà sous pression pour soutenir l'économie européenne, pourrait être contrainte d'intervenir si les tensions sur les obligations françaises venaient à se propager à d'autres États membres. Les marchés, déjà attentifs à la situation de l'Italie et de l'Espagne, surveillent donc de près l'évolution politique française.

Alors que le recours à l'article 49.3 est attendu dans les prochaines heures, les investisseurs et institutions européennes restent en alerte. Les conséquences d'une éventuelle chute du gouvernement Barnier risquent d'affecter non seulement la dette française, mais aussi la stabilité économique et politique du continent.