Instabilité politique : pourquoi les marchés français restent sereins pour l'instant

Instabilité politique : pourquoi les marchés français restent sereins pour l'instant Malgré la chute du gouvernement Barnier, les marchés financiers français, du CAC 40 aux obligations souveraines, affichent une stabilité inattendue.

La chute du gouvernement Barnier, marquée par l'adoption d'une motion de censure, aurait pu provoquer un séisme sur les marchés financiers français. Pourtant, le CAC 40 et les obligations souveraines ont montré une résilience surprenante. Une stabilité qui, bien qu'encourageante, reste sous la menace de multiples incertitudes économiques et politiques.

Une résilience des marchés malgré la crise politique

La motion de censure qui a entraîné la chute du gouvernement Barnier a été suivie avec attention par les marchés financiers. Contre toute attente, aucune panique majeure n'a été observée. Jeudi, le CAC 40 a clôturé en hausse de 0,37%, confortant une progression de 2% sur les cinq dernières séances. L'indice parisien, qui avait déjà intégré les incertitudes politiques, a ainsi résisté aux turbulences.

"Les cours des actions françaises, qui ont beaucoup baissé la semaine dernière, intègrent déjà la chute du gouvernement", a confirmé Mabrouk Chetouane, directeur de la stratégie marchés internationaux chez Natixis IM, cité par Le Figaro. Selon lui, certains investisseurs en ont profité pour racheter à bas prix des actions précédemment dévalorisées, notamment dans le secteur bancaire.

Les obligations souveraines françaises ont également montré des signes de stabilité. Le taux de l'OAT à 10 ans, principal indicateur des coûts de financement de l'État, a légèrement reculé à 2,88%. L'écart de taux (spread) avec les obligations allemandes s'est réduit, atteignant 78 points de base contre 90 points la semaine précédente. "Les marchés ne s'inquiètent pas de la capacité de la France à rembourser sa dette", a analysé Samy Chaar, économiste chez Lombard Odier.

Un calme apparent menacé par des incertitudes

Malgré cette résilience, plusieurs experts avertissent que la situation actuelle pourrait n'être qu'un répit. "Tout pourrait très vite s'emballer", estime Aurélien Buffault, gérant obligataire chez Delubac AM. Les agences de notation, notamment Moody's, pointent un risque accru pour la France, notamment en raison de déficits élevés, d'un poids croissant de la dette publique et de coûts de financement en hausse.

De son côté, Emmanuel Cau, analyste chez Barclays, a rappelé que "les marchés conservent une approche négative vis-à-vis de la France". Cette perception négative est accentuée par la performance en demi-teinte du CAC 40 depuis le début de l'année. Tandis que les indices européens comme le DAX allemand ou la Bourse de Madrid progressent respectivement de 21,5% et 19,5%, l'indice parisien affiche un recul de 3%.

Les secteurs les plus exposés aux incertitudes

Certains secteurs économiques restent particulièrement sensibles aux perturbations politiques et économiques. Le secteur bancaire, par exemple, pourrait souffrir d'une remontée des taux d'intérêt à long terme, ce qui aurait un impact direct sur la valeur de leurs portefeuilles obligataires. "Les banques seraient plus frileuses pour prêter dans un environnement économique incertain", a averti un gérant de fonds interrogé par Capital.

Les entreprises opérant dans les services publics et les concessions (autoroutes, aéroports) sont également à risque. Elles dépendent fortement de la réglementation étatique, qui pourrait évoluer en fonction des changements de politique. Engie, Veolia ou Vinci pourraient ainsi subir des pressions fiscales ou contractuelles. Enfin, des secteurs comme la défense ou l'immobilier pourraient aussi être affectés.