Croissance en 2024 : une économie française sous pression, mais pas en récession
Alors que la France enregistre une croissance de 0,4% au troisième trimestre 2024, plusieurs secteurs économiques montrent des signes de faiblesse. Défaillances d'entreprises, recul de l'intérim, et consommation des ménages en berne inquiètent les experts. Si la récession n'est pas encore confirmée, les perspectives pour l'année à venir restent floues.
Une économie fragile mais pas encore en récession
En 2024, l'économie française a maintenu une croissance modérée. Selon l'Insee, le troisième trimestre a enregistré une hausse de 0,4% du PIB, après deux trimestres de croissance stable à 0,2%. Ce rythme de progression reste suffisant pour éviter la définition stricte de la récession, comme l'a précisé Matthieu Plane dans Le Figaro, directeur adjoint de l'OFCE : "Une récession c'est lorsqu'on enchaîne au moins deux mois de croissance négative".
Cependant, les moteurs traditionnels de la croissance montrent des signes de faiblesse. La consommation des ménages, habituellement un pilier de l'économie, reste atone. Le taux d'épargne, indicateur de prudence des ménages, a grimpé à 18,2% au troisième trimestre, contre 17,2% fin 2023. Dorian Roucher, chef du département de conjoncture à l'Insee, souligne que "les gains de pouvoir d'achat en 2024 (+2,1%) n'ont pas été consommés par les Français", reflétant une méfiance croissante.
Des signaux d'alerte dans plusieurs secteurs
Si les chiffres globaux de la croissance restent positifs, d'autres indicateurs sont moins encourageants. Les défaillances d'entreprises ont bondi de 21% en glissement annuel. Patrick Martin, président du Medef, a récemment déclaré au Journal du Dimanche : "Nous comptabilisons 66 000 dépôts de bilan cette année", une situation qu'il attribue à un environnement économique incertain et à des coûts de financement élevés.
De plus, l'intérim, souvent perçu comme un baromètre avancé de la conjoncture, est en recul. Ce phénomène est renforcé par le repli constant de l'investissement des entreprises, observé depuis un an.
À ces facteurs économiques s'ajoutent des incertitudes politiques. Le vote de la motion de censure du gouvernement Barnier, le 4 décembre, a alimenté les craintes. Cependant, l'impact de cet événement sur la croissance reste limité pour l'instant. Matthieu Plane tempère : "Le climat des affaires n'est pas bon, mais ce n'est pas la catastrophe pour autant".
Des perspectives incertaines pour 2025
Les experts s'accordent à dire que les moteurs de la croissance de 2024 ne sont pas durables. Les exportations, qui ont contribué à hauteur de 0,5 point au PIB cette année, ne devraient pas jouer un rôle aussi important l'année prochaine. Par ailleurs, les dépenses publiques, qui représentent près de la moitié du PIB, devront être réduites pour respecter les objectifs budgétaires.
Enfin, la confiance des ménages et des entreprises reste basse. Selon les données de l'Insee, la confiance des ménages a décliné depuis octobre.