Immobilier : ces millions de mètres carrés de bureaux vides à transformer en logements
Avec plus de 9 millions de mètres carrés de bureaux vacants, l'immobilier tertiaire français fait face à une crise inédite. Dans un contexte de pénurie de logements, ces espaces inutilisés pourraient représenter une solution partielle mais significative. Encore faut-il surmonter les nombreux défis que posent ces reconversions.
Des millions de mètres carrés de bureaux vacants en France
En France, le secteur immobilier tertiaire traverse une période critique. D'après une étude du Consortium des Bureaux en France (CBF), sur 173 millions de mètres carrés de bureaux existants, 9 millions sont inoccupés, dont 2 millions en état de "friche". Ces friches désignent des immeubles de plus de 1 000 m², vides depuis plus de deux ans et sans projet d'avenir.
L'Île-de-France concentre une part significative de ces espaces vacants. Le rapport du CBF, relayé par Le Monde, indique que 1,2 million de mètres carrés de bureaux vides sont recensés dans la région, notamment dans des communes comme Saint-Denis, Nanterre ou encore Saint-Ouen. À La Défense, par exemple, 770 000 m² de bureaux sont inoccupés, représentant 22% du parc total.
Selon Blaise Heurteux, associé cofondateur de La Place de l'immobilier, ces espaces pourraient offrir des solutions : "32 000 personnes hébergées en plus, ça peut ne pas paraître beaucoup mais ce n'est pas rien non plus", a-t-il expliqué dans Le Parisien. Ce chiffre correspondrait à environ 14 000 logements créés dans les zones concernées.
Une opportunité face à la crise du logement
La transformation des bureaux vacants en logements pourrait représenter une réponse face à la crise du logement qui sévit en France. Selon l'observatoire, ces 2 millions de mètres carrés de friches pourraient héberger environ 53 000 habitants dans les cinq prochaines années si des projets de reconversion étaient mis en place.
Cette problématique s'inscrit dans un contexte de demande croissante en logements sociaux. D'après l'Union Sociale pour l'Habitat (USH), 2,7 millions de demandes de logements sociaux ont été enregistrées en juin 2024, contre 2,6 millions l'année précédente. "Personne ne peut accepter qu'on ait autant de matières vides et qu'en même temps autant de personnes dorment dehors", a réagi Ian Brossat, sénateur communiste, dans les colonnes de Libération. Il plaide pour une action législative plus proactive afin de réquisitionner ces espaces inutilisés.
Des freins techniques et financiers à surmonter
Malgré les opportunités, transformer ces bureaux en logements pose de nombreux défis. Les immeubles vacants sont parfois peu adaptés à un usage résidentiel. Structures trop vitrées, espaces mal configurés ou copropriétés multiples peuvent rendre les reconversions complexes.
Le coût des travaux est également un facteur déterminant.
"Ces cinq dernières années, 150 000 m2 de bureaux privés ont été transformés en moyenne et par an dans la région, ce qui a permis de créer à peu près 2 500 logements par an", précise Clément Quatrain, ancien responsable de l'immobilier d'entreprise au Grecam. Au rythme actuel, il faudrait près de neuf ans pour épuiser le stock d'immeubles vacants.
Une mobilisation nécessaire des collectivités locales
Pour accélérer les reconversions, les collectivités locales et les acteurs du secteur immobilier tentent d'unir leurs efforts. Le Consortium des Bureaux en France propose une cartographie nationale détaillée pour identifier les immeubles vacants et évaluer leur potentiel. Selon Katelle Le Guillou, directrice générale de la Foncière de Transformation Immobilière, ces données doivent permettre de lever les "freins psychologiques" et d'initier des discussions avec les décideurs publics.
Cependant, certains élus hésitent à s'engager dans ces transformations en raison des infrastructures nécessaires à leur accompagnement, comme les écoles ou les transports. La fiscalité sur les bureaux vacants, qui reste exigible même en cas de non-utilisation, pourrait également dissuader certains propriétaires d'investir dans ces projets.