Bruxelles enquête sur un partenariat controversé entre Google et Meta visant les adolescents

Bruxelles enquête sur un partenariat controversé entre Google et Meta visant les adolescents Les régulateurs européens s'interrogent sur un accord publicitaire entre les deux géants de la tech, pointant des pratiques contournant les protections pour les mineurs.

Un partenariat secret entre Google et Meta, visant à cibler les adolescents via des campagnes publicitaires sur YouTube et Instagram, est au centre d'une enquête menée par la Commission européenne. Révélée par une investigation du Financial Times, cette collaboration soulève des questions sur la protection des mineurs en ligne et le respect des règles en vigueur.

Les faits révélés par une enquête journalistique

Une enquête publiée en août par le Financial Times a dévoilé les contours d'un partenariat secret entre Google et Meta, contournant les politiques de Google sur la protection des mineurs. Nommée "Tangerine Owl" en interne, cette collaboration visait à promouvoir Instagram, propriété de Meta, auprès des adolescents de 13 à 17 ans, en exploitant des audiences sur YouTube, géré par Alphabet, la maison mère de Google.

Le projet ciblait notamment un groupe d'utilisateurs classés comme "inconnus" dans les bases de données de Google. Selon l'enquête, Google aurait indiqué à Meta que ce groupe comprenait majoritairement des mineurs, permettant ainsi de "contourner les mécanismes de protection", rapporte le Financial Times. Ces informations ont été utilisées pour un projet pilote lancé au Canada, avant une expansion prévue aux États-Unis et un déploiement global. Après la publication des faits, le partenariat a été annulé.

Les mesures prises par la Commission européenne

La Commission européenne a immédiatement réagi en demandant à Google de fournir des données précises sur cette collaboration. En octobre, les avocats d'Alphabet ont été sommés de compiler des documents internes, incluant des présentations, des échanges d'emails et des discussions en ligne entre employés impliqués dans la campagne.

L'objectif est de déterminer si ce partenariat constitue une violation des règles européennes en matière de protection des mineurs. Les régulateurs européens envisagent d'ouvrir une enquête formelle contre les deux géants technologiques.

Réactions des entreprises concernées

Face aux accusations, Google a affirmé avoir renforcé ses politiques internes. "Les garanties que nous avons mises en place pour protéger les adolescents, comme l'interdiction de la personnalisation des publicités, sont parmi les meilleures de l'industrie et continuent de fonctionner", a déclaré un porte-parole de Google dans un email cité par Reuters. Il a ajouté que l'entreprise avait organisé des formations pour ses équipes commerciales afin de leur rappeler ces politiques.

Meta a pour sa part annoncé des améliorations dans la confidentialité et les contrôles parentaux sur Instagram pour les utilisateurs mineurs. La société n'a pas répondu immédiatement aux sollicitations de commentaires, selon Reuters.

Une pression croissante sur les géants de la tech

Cette affaire survient dans un contexte déjà tendu pour les grandes entreprises technologiques. Google fait face à plusieurs enquêtes pour abus de position dominante aux États-Unis, notamment sur son activité publicitaire.

En parallèle, Meta est critiquée pour son rôle dans la protection des utilisateurs les plus jeunes sur ses plateformes. Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a été convoqué devant le Congrès américain en janvier pour s'excuser auprès des familles d'enfants victimes d'abus sur ses plateformes.

Les régulateurs européens, de plus en plus vigilants, surveillent attentivement les pratiques des géants technologiques, en particulier lorsqu'elles touchent les utilisateurs mineurs. Des sanctions ou des régulations renforcées pourraient découler de ces enquêtes en cours.