L'EPR de Flamanville entre en service vendredi après 12 ans de retard
Après plus de 12 ans de retards et une facture quadruplée, l'EPR de Flamanville, réacteur nucléaire de troisième génération, sera enfin raccordé au réseau électrique ce vendredi selon EDF. Une étape clé dans l'histoire récente de l'énergie nucléaire en France, marquée par des défis techniques et financiers sans précédent.
Une mise en service après des années de complications
Lancé en 2007, le chantier de l'EPR de Flamanville devait initialement s'achever en 2012, avec un budget estimé à 3,3 milliards d'euros. Cependant, des anomalies techniques telles que des fissures dans la structure en béton ou des défauts de soudure ont provoqué d'importants retards. En conséquence, la facture finale s'élève désormais à 13,2 milliards d'euros, soit près de quatre fois le coût initial.
Malgré ces contretemps, le réacteur, d'une puissance nominale de 1 650 mégawatts, injectera ses premiers mégawatts d'électricité sur le réseau ce vendredi. Selon EDF, cette phase de raccordement, appelée "couplage", marque une étape cruciale.
Alain Morvan, directeur de projet pour Flamanville 3, avait décrit les essais récents avec enthousiasme : "Quelle émotion et quelle fierté d'assister en direct aux premiers battements du cœur de l'EPR !", avait-il publié sur LinkedIn en septembre dernier, relayé par Le Figaro.
Une montée en puissance progressive
Le réacteur, qui fonctionne actuellement à 25% de sa capacité nominale, passera par plusieurs étapes d'essais avant d'atteindre 100% de puissance à l'été 2025. EDF a précisé que cette montée en puissance serait surveillée de près par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
"Après son couplage, le fonctionnement du réacteur sera marqué par différents paliers de puissance, jusqu'à l'été 2025, qui solderont la phase d'essais", a précisé EDF dans une annonce officielle.
Durant cette phase, le réacteur sera connecté et déconnecté du réseau à plusieurs reprises, permettant de valider son bon fonctionnement. Une fois ces tests terminés, l'EPR pourra produire jusqu'à 14 térawattheures d'électricité par an.
Un symbole pour la filière nucléaire française
Cette mise en service intervient dans un contexte de relance du nucléaire en France. Après une période marquée par la fermeture de réacteurs comme ceux de Fessenheim en 2020, l'État a réaffirmé son soutien à la filière. En 2022, un plan de construction de six nouveaux EPR d'ici 2050 a été annoncé.
L'EPR de Flamanville incarne cet effort de reconquête. Cependant, EDF devra encore répondre aux attentes des régulateurs, notamment sur les "événements significatifs pour sa sûreté" observés lors des derniers essais. "Le nombre d'événements et le facteur humain méritent une réflexion", a réagi Bernard Doroszczuk, président de l'ASN.
Avec ce couplage, la France disposera désormais de 57 réacteurs nucléaires connectés au réseau. La puissance totale installée du parc passera ainsi de 61,4 gigawatts à 63 gigawatts, confortant la position de la France comme deuxième puissance nucléaire mondiale, derrière les États-Unis (96,9 GW) et devant la Chine (54,3 GW).
Cette étape représente un levier essentiel pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, qui couvrent encore 60% des besoins énergétiques du pays.