Bruno Le Maire, de ministre à conseiller stratégique chez ASML
Après sept années passées au ministère de l'Économie, Bruno Le Maire rejoint ASML, géant européen des semi-conducteurs, en tant que conseiller stratégique externe. Cette nomination validée par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) suscite de nombreuses réactions, alors que l'Europe renforce ses efforts pour développer une industrie des semi-conducteurs compétitive.
Une nomination validée et encadrée par la HATVP
Bruno Le Maire a obtenu l'autorisation de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour son nouveau poste, sous certaines conditions strictes. La HATVP a estimé que cette reconversion "n'apparaît pas de nature à faire douter du respect par l'intéressé de l'exigence de dignité, probité, intégrité et de prévention des conflits d'intérêts", selon son avis publié le 19 décembre 2024, relayé par le Huffingtonpost.
Toutefois, l'ancien ministre devra s'abstenir "de toute démarche, y compris de représentation d'intérêts" auprès des membres du gouvernement ou des services administratifs qu'il a dirigés entre 2017 et 2024. Cette réserve s'étend également à son ancien cabinet tant que ses membres occupent des fonctions publiques.
Cette décision intervient alors qu'ASML est en discussion pour développer ses activités en France. La presse néerlandaise évoque l'ouverture potentielle d'usines dans l'Hexagone, une initiative cohérente avec les ambitions du plan France 2030.
ASML, un acteur stratégique pour l'industrie européenne
ASML, valorisé à près de 300 milliards d'euros, joue un rôle clé dans la fabrication des semi-conducteurs grâce à sa maîtrise de la lithographie par rayonnement ultraviolet extrême, technologie essentielle pour produire des puces de plus en plus performantes. Le groupe néerlandais est au cœur des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, cette dernière représentant près de 50% de son chiffre d'affaires.
Selon un communiqué cité par Le Monde, Bruno Le Maire aura pour mission d'aider ASML à "construire une coalition pour investir dans l'écosystème européen des semi-conducteurs". Cette stratégie s'aligne sur les objectifs européens visant à réduire la dépendance aux acteurs asiatiques et américains dans ce secteur critique.
Interrogée sur ce recrutement, une proche de l'ex-ministre a indiqué que "les enjeux d'ASML rejoignent ceux, plus globaux, de réindustrialisation dont il s'est occupé pendant sept ans".
Un contexte favorable pour ASML en France
Le recrutement de Bruno Le Maire s'inscrit dans un contexte où l'Europe intensifie ses efforts pour renforcer sa souveraineté technologique. Dans le cadre du plan France 2030, l'État a prévu de consacrer 5,5 milliards d'euros au développement des semi-conducteurs. Une partie de ces fonds a déjà été allouée à des projets comme la méga-usine de STMicroelectronics et GlobalFoundries en Isère.
Bruno Le Maire connaît bien les enjeux de ce secteur. En janvier 2022, alors ministre, il avait rencontré Peter Wennink, alors PDG d'ASML, à Bercy. Lors de cet entretien, il avait salué l'entreprise comme étant "capable de produire des machines qui vont fabriquer des semi-conducteurs de 5 à 7 nanomètres".
La nomination de l'ancien ministre pourrait également faciliter le dialogue entre ASML et les institutions françaises, bien que la HATVP ait limité les contacts directs avec certaines entités administratives.