Fiscalité des ultra-riches : ce que prépare Bercy avec la taxe Zucman
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement explore des pistes pour augmenter la contribution fiscale des plus fortunés. La taxe Zucman, inspirée des travaux de l'économiste Gabriel Zucman, figure parmi les mesures envisagées pour répondre aux défis budgétaires et réduire les inégalités.
Une taxe ciblant les patrimoines milliardaires
Le projet de taxe Zucman, baptisé "mini-taxe Zucman" par certains observateurs, repose sur un prélèvement de 2% annuel sur les patrimoines dépassant un milliard d'euros. Selon les informations publiées dans La Tribune, cette mesure pourrait rapporter environ 2 milliards d'euros par an, bien que ce chiffre reste modeste face aux besoins de financement du budget 2025, estimés à 50 milliards d'euros.
Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, a défendu cette initiative en déclarant : "Ma conviction est que sur les hauts revenus tout le monde doit payer sa part", cité par BFMTV. Cette déclaration intervient alors que plusieurs membres du gouvernement cherchent à répondre à la défiance croissante des Français envers les inégalités fiscales.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a quant à elle précisé : "Nous ne voulons pas réduire le déficit en augmentant les impôts pour les classes moyennes", tout en évoquant des mesures pour limiter les pratiques d'optimisation fiscale excessives.
Un outil contre l'optimisation fiscale
Outre les revenus des milliardaires, cette taxe ambitionne de freiner les mécanismes d'optimisation fiscale, notamment ceux liés aux holdings et aux pactes Dutreil. Ces dispositifs permettent souvent aux grandes fortunes de réduire leur imposition en structurant leurs patrimoines à travers des montages complexes.
Amélie de Montchalin a ainsi critiqué ces pratiques lors d'une intervention : "L'optimisation fiscale n'est pas illégale", mais il ne faut pas de "suroptimisation fiscale". Elle a notamment évoqué des cas où des biens sans lien avec l'activité de l'entreprise sont intégrés dans des holdings pour bénéficier d'avantages fiscaux.
Par ailleurs, selon le sénateur Hervé Marseille, une autre piste discutée serait de taxer les hauts patrimoines détenus dans des holdings. Ces mesures viseraient à restaurer une certaine équité fiscale et à réduire l'écart entre les différents types de contribuables.
Un débat politique et économique
La taxe Zucman ne fait cependant pas l'unanimité. Selon des critiques rapportées par La Tribune, certains estiment que cette mesure pourrait nuire à l'attractivité économique de la France, tout en ayant un impact limité sur les finances publiques. Les discussions parlementaires à venir pourraient encore modifier ou retarder son adoption.
D'ici le 23 janvier, date prévue pour la commission mixte paritaire sur le budget 2025, les modalités précises de cette taxe restent en cours d'ajustement. Cependant, son objectif principal reste clair : renforcer la justice fiscale tout en contribuant à la réduction du déficit public.