Pression fiscale sur les entreprises : Patrick Martin tire à son tour la sonnette d'alarme

Pression fiscale sur les entreprises : Patrick Martin tire à son tour la sonnette d'alarme Les grandes entreprises françaises font face à une hausse de la fiscalité dans un contexte économique déjà incertain. Un choix critiqué par plusieurs dirigeants, qui pointent une perte de compétitivité par rapport à d'autres pays.

Le président du Medef, Patrick Martin, s'est exprimé sur RTL pour dénoncer la surtaxe exceptionnelle sur les grandes entreprises prévue dans le budget 2025. Il rejoint la position de Bernard Arnault, patron de LVMH, qui voit dans cette mesure une menace pour la compétitivité française.

Une surtaxe sur les grandes entreprises au cœur de la polémique

Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le gouvernement prévoit une surtaxe temporaire sur les bénéfices des grandes entreprises. Cette mesure, qui vise à rapporter environ 8 milliards d'euros à l'État, fait partie d'un effort global de 52 milliards d'euros destiné à réduire le déficit public. La surtaxe concernerait les sociétés dont le chiffre d'affaires dépasse 1 milliard d'euros, avec un taux pouvant atteindre 36% pour celles générant plus de 3 milliards d'euros.

Cette décision a rapidement suscité des réactions au sein du patronat. Mardi 28 janvier, Bernard Arnault, PDG de LVMH, s'est opposé frontalement à cette taxation qu'il considère comme une menace pour l'attractivité du pays. C'est une "taxe sur le made in France" qui "pousse à la délocalisation", a-t-il déclaré, cité par La Tribune. Il a notamment comparé la fiscalité française à celle des États-Unis, où l'impôt sur les sociétés devrait baisser à 15% et où certaines industries bénéficient de subventions pour s'installer.

Patrick Martin, président du Medef, a repris ces critiques lors de son intervention sur RTL le 30 janvier. "Ceux qui peuvent partir partent et ils ont raison", a-t-il affirmé, relayé par BFMTV. Il a ajouté que la France risquait de perdre des investissements au profit d'autres pays proposant une fiscalité plus avantageuse et un coût de l'énergie plus compétitif.

Des tensions croissantes entre le gouvernement et le patronat

Le gouvernement défend cette surtaxe comme un effort temporaire de solidarité pour rétablir les finances publiques. Il rappelle que d'autres mesures, comme l'augmentation de l'impôt sur le revenu des ménages les plus aisés, ont également été mises en place. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a tenté d'apaiser la situation en déclarant ce mercredi que l'exécutif "comprend la colère" des chefs d'entreprise, tout en maintenant le cap. "Chacun doit prendre part aux efforts", a-t-elle justifié.

Le Medef, pour sa part, demande des réformes structurelles plutôt qu'une hausse de la fiscalité des entreprises. Patrick Martin dénonce un manque de concertation avec le gouvernement et une approche qu'il juge déséquilibrée. "Il y a 13 milliards à la charge des entreprises. Moi, je vois d'autres catégories qui sont beaucoup plus épargnées", a-t-il critiqué, cité par Le Figaro.

L'inquiétude du patronat s'inscrit dans un contexte économique incertain. L'Insee a annoncé un recul de 0,1% du PIB au quatrième trimestre 2024, signalant un ralentissement de la croissance. Par ailleurs, le marché de l'emploi montre des signes de fragilité, avec la suppression de 117 000 postes dans le secteur privé sur la même période.

Patrick Martin estime que ces signaux devraient inciter l'exécutif à revoir ses priorités. "On parle à un mur", a-t-il déploré, ajoutant que ses avertissements sur une possible récession n'avaient pas été pris en compte.

Alors que la commission mixte paritaire examine les arbitrages du budget 2025, les tensions entre le gouvernement et les chefs d'entreprise restent vives.