Immobilier : après une année noire, les emprunteurs de retour en 2025
L'année 2024 a marqué un net recul du crédit immobilier, atteignant son plus bas niveau depuis 2014 avec une production de seulement 110,1 milliards d'euros, selon la Banque de France. Après une année marquée par la hausse des taux et des critères d'octroi plus stricts, les conditions de financement s'améliorent progressivement, incitant les emprunteurs à revenir sur le marché.
Un marché en crise et un ralentissement historique
La production de crédit a chuté de 15% en 2024 par rapport à 2023, prolongeant une tendance amorcée dès 2022 avec la remontée des taux d'intérêt. En janvier 2024, les taux moyens atteignaient 4,17%, freinant l'accès au crédit pour de nombreux ménages. Selon La Tribune, la Banque de France note que "le montant total des nouveaux crédits à l'habitat (hors renégociations) est descendu à 110,1 milliards d'euros l'an dernier", un niveau inédit depuis une décennie.
Malgré ces difficultés, certains profils d'emprunteurs ont continué d'accéder au crédit. Selon Meilleurtaux.com, l'emprunteur type en 2024 affichait un revenu net moyen de 5 005 euros et un apport personnel de 63 421 euros, en hausse de plus de 15 000 euros par rapport à 2022. "C'est donc le signal assez clair que ce sont les catégories les plus aisées qui ont donné vie à leurs projets, les autres ayant sans doute préféré attendre", a expliqué Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux, citée par Les Échos.
Reprise progressive avec des taux en baisse
Depuis le second semestre 2024, un retournement s'est amorcé grâce à la baisse des taux directeurs de la BCE, entraînant un allègement des conditions de financement. Entre janvier et décembre 2024, les taux immobiliers ont chuté de 4,17% à 3,30%, marquant leur plus forte baisse annuelle depuis 2016. "Cette baisse de près de 1% en un an a permis de resolvabiliser nombre d'emprunteurs", indique Caroline Arnould, directrice générale de Cafpi.
Cette détente a redynamisé le marché : en décembre 2024, la production mensuelle de crédit a atteint 11,6 milliards d'euros, son plus haut niveau de l'année. Crédit Agricole et BPCE, deux des principaux groupes bancaires français, ont confirmé une reprise des demandes de financement. Le directoire de BPCE a observé "une reprise significative" du marché du crédit immobilier entre octobre et décembre 2024, "qui correspond notamment à l'évolution des taux", selon BFMTV.
Des perspectives incertaines malgré l'embellie
Si la tendance est encourageante, des incertitudes demeurent quant à la stabilité de la reprise. Le contexte politique en France et les évolutions économiques à venir pourraient influencer les taux d'intérêt. En février 2025, les banques proposent des taux moyens de 2,95% sur 15 ans, 2,97% sur 20 ans et 3,07% sur 25 ans, selon les courtiers Vousfinancer et Empruntis. Toutefois, des hausses ponctuelles ont été observées en raison de la remontée des taux d'emprunt d'État en janvier.
Les banques restent néanmoins disposées à prêter, certaines proposant des taux sous la barre des 3%. Société Générale, par exemple, a lancé une campagne promotionnelle à 2,99% sur des durées allant jusqu'à 20 ans, signe de son engagement à relancer la demande de crédit.
Malgré ces évolutions positives, le marché immobilier reste sous tension. La construction de logements neufs est en recul, avec seulement 330 400 permis de construire accordés en 2024, soit une baisse de 12,3% sur un an, d'après les données du ministère de l'Aménagement du territoire. L'offre de logements peine donc à suivre la demande, ce qui pourrait influencer l'évolution des prix et la dynamique du marché en 2025.