Marché du travail : l'emploi salarié privé chute en France, une première depuis 2013

Marché du travail : l'emploi salarié privé chute en France, une première depuis 2013 La fin de l'année 2024 confirme un retournement du marché de l'emploi. Plusieurs secteurs enregistrent des suppressions de postes, conséquence d'un contexte économique incertain et d'un ralentissement des recrutements.

L'Insee a publié ce vendredi les chiffres provisoires de l'emploi salarié privé pour le quatrième trimestre 2024. L'organisme recense une baisse de 50 100 emplois, soit un recul de 0,2%. C'est la première fois depuis le deuxième trimestre 2013 (hors crise sanitaire) que l'emploi dans le secteur privé diminue en France. L'industrie et l'agriculture restent relativement stables, mais la construction et l'intérim enregistrent de nouveaux reculs.

Un recul de 50 100 emplois dans le privé au dernier trimestre 2024

L'emploi salarié privé, qui représentait 21,07 millions de postes fin décembre 2024, s'est contracté au quatrième trimestre. Avec 50 100 emplois supprimés (-0,2%), le volume de l'emploi privé revient à son niveau de fin 2023, soit 1 000 postes de moins sur un an. Malgré ce repli, les effectifs restent supérieurs de 5,6% à ceux de fin 2019, avant la crise sanitaire, ce qui représente un gain de 1,1 million d'emplois sur cinq ans.

Le secteur de l'intérim, souvent perçu comme un indicateur avancé du marché de l'emploi, a subi une nouvelle baisse de 14 000 emplois (-1,9%), après un recul de 0,9% au trimestre précédent. Il est désormais inférieur de 7,8% à son niveau d'avant la crise sanitaire, soit 60 400 emplois en moins par rapport à fin 2019.

"L'emploi salarié privé dans le tertiaire marchand hors intérim se replie, pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2013 (année 2020 mise à part)" observe l'Insee dans son rapport. Ce secteur, habituellement moteur du marché de l'emploi, affiche 22 600 suppressions de postes (-0,2%), après une légère hausse de 0,1% au trimestre précédent.

Des disparités selon les secteurs et les perspectives pour 2025

La construction enregistre son huitième trimestre consécutif de baisse, avec 7 800 postes supprimés (-0,5%). En un an, ce secteur a perdu 27 500 emplois (-1,7%) et affiche un repli de 40 200 postes depuis son pic de fin 2022. Cependant, les effectifs restent 4,8% supérieurs à ceux de fin 2019, soit 70 300 emplois en plus.

L'industrie, hors intérim, a connu une quasi-stabilité avec 3 200 emplois en moins (-0,1%). Les carnets de commandes mal orientés n'ont pas provoqué de forte réduction des effectifs, qui restent supérieurs de 76 500 emplois (+2,4%) par rapport à fin 2019.

En dépit du ralentissement du marché de l'emploi, les perspectives pour 2025 restent incertaines. "Le marché du travail donne plutôt des signes de ralentissement, et le chômage va avoir tendance à remonter", a déclaré Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, lors d'une conférence de presse relayée par Les Échos.

Selon l'Insee, l'emploi salarié privé pourrait néanmoins progresser de 108 000 postes (+0,4%) sur l'année 2025, mais cette augmentation resterait bien inférieure à celles des années précédentes. Avec une population active en hausse, notamment sous l'effet de la réforme des retraites, le taux de chômage pourrait atteindre 7,6% mi-2025.