Private equity : Donald Trump s'attaque au régime fiscal privilégié des fonds d'investissement
Donald Trump relance le débat sur la suppression du carried interest, un avantage fiscal permettant aux gestionnaires de fonds d'investissement de bénéficier d'un taux réduit d'imposition. Cette réforme, soutenue par certains élus des deux partis, se heurte néanmoins à une opposition farouche de Wall Street.
Un avantage fiscal dans le viseur de l'administration Trump
Le carried interest, intérêt différé, permet aux gestionnaires de fonds de private equity et de hedge funds d'être taxés à 20% sur une partie de leurs revenus, contre 37% pour les revenus ordinaires. Cet avantage fiscal, souvent qualifié de "niche", profite à des firmes comme Blackstone, KKR ou Apollo Global Management.
Lors d'une conférence de presse le 6 janvier, Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, a confirmé que Donald Trump voulait abolir cette mesure. Déjà évoquée sous Barack Obama et Joe Biden, cette suppression n'avait jamais abouti. En 2017, Trump avait promis d'y mettre fin, mais la réforme s'était limitée à un allongement de la durée de détention des actifs de un à trois ans pour bénéficier du taux réduit.
Une opposition forte des milieux financiers
L'abolition du carried interest bénéficie d'un soutien bipartisan. Ce 8 février, la sénatrice démocrate Tammy Baldwin et 13 autres élus ont déposé un projet de loi visant à aligner sa taxation sur celle des revenus du travail. "L'échappatoire fiscale du carried interest est l'un des exemples les plus clairs de notre système fiscal à deux vitesses", a déclaré David Kass, directeur exécutif d'Americans for Tax Fairness, cité par CBS News.
Cependant, Wall Street s'oppose fermement à cette réforme. Drew Maloney, PDG de l'American Investment Council, a défendu cet avantage en déclarant : "Nous encourageons l'administration Trump et le Congrès à maintenir cette politique fiscale saine en place et à libérer davantage d'investissements à long terme qui soutiennent les emplois, les travailleurs, les petites entreprises et les communautés locales". Selon son organisation, les firmes de private equity ont investi plus de 5 600 milliards de dollars dans l'économie américaine depuis 2017.
Une réforme au succès incertain
Selon une estimation du Congressional Budget Office (CBO), la suppression du carried interest pourrait générer 13 milliards de dollars sur dix ans, une somme modeste face aux 1 900 milliards de déficit prévus en 2025.
Si Trump affiche sa volonté d'en finir avec cet avantage fiscal, l'issue reste incertaine. En 2022, une tentative similaire avait échoué sous la pression des milieux financiers et de certains élus républicains. En 2017, près de deux douzaines de législateurs avaient défendu le carried interest, arguant que son abolition pourrait freiner l'investissement et nuire aux entreprises américaines.
En 2015, Trump lui-même avait dénoncé cet avantage : "Ils font fortune, ils ne paient pas d'impôts... Ils doivent payer des impôts", cité par Forbes. Mais avec un Congrès divisé et une forte opposition des milieux financiers, cette réforme risque d'être, une fois encore, un dossier explosif à Washington.