BNP Paribas et BPCE créent Estreem, un géant français du traitement des paiements
Ce 13 février, BNP Paribas et BPCE ont annoncé la création officielle d'Estreem, une coentreprise dédiée au traitement des paiements par carte. Ce partenariat stratégique, finalisé conformément au calendrier initial, vise à renforcer la position des deux groupes sur le marché européen avec un volume annuel de 17 milliards de transactions.
Un partenariat stratégique pour un marché en plein essor
BNP Paribas et BPCE, qui représentent ensemble près de 30% des paiements par carte en France, unissent leurs forces pour optimiser leurs processus et réduire leurs coûts. La coentreprise Estreem, détenue à parts égales, emploiera environ 300 collaborateurs et se chargera de la gestion des flux entre porteurs de cartes et commerçants.
"C'est la poursuite d'une très belle histoire entamée il y a vingt ans entre BNP Paribas et BPCE", a déclaré Thierry Laborde, directeur général délégué de BNP Paribas, cité par Les Echos. Depuis 2005, les deux banques collaboraient déjà au sein de Partecis, une société d'édition de logiciels de traitement des paiements. Avec Estreem, cette coopération s'intensifie, passant de la conception logicielle à la gestion complète des flux financiers.
L'objectif est également d'améliorer la compétitivité face à la concurrence. "Le fait d'aller plus loin dans la mutualisation technologique va nous permettre d'abaisser le coût de la transaction", a ajouté Thierry Laborde. Une initiative qui pourrait offrir un meilleur rapport qualité-prix aux commerçants français.
Un investissement de 200 millions d'euros, aux ambitions européennes
Le projet Estreem représente un investissement de 200 millions d'euros, auxquels s'ajouteront des dépenses pour connecter la nouvelle plateforme aux systèmes d'information existants. Cette infrastructure sera hébergée sur le cloud souverain de BNP Paribas, garantissant ainsi la sécurité et la maîtrise des opérations.
L'initiative ne se limite pas au marché français. D'ici 2028, Estreem ambitionne d'ouvrir ses services à d'autres établissements bancaires européens, en commençant par la Belgique et l'Italie. Cette expansion vise à positionner la coentreprise parmi les trois principaux processeurs de paiements en Europe.
Un enjeu de souveraineté technologique
La maîtrise des flux de paiements reste une priorité pour les deux groupes. Dans un contexte de concurrence accrue et de pression sur les frais bancaires, BNP Paribas et BPCE ont choisi de conserver un contrôle total sur leur infrastructure, plutôt que d'externaliser cette activité.
"Il n'est pas question de les sous-traiter. Il est important que la qualité de nos offres ne dépende que de nous", a expliqué Yves Tyrode, directeur général Digital & Payments chez BPCE. Cette décision permet aux deux établissements d'assurer la continuité et la sécurité de leurs services, sans dépendre d'acteurs tiers comme Worldline, qui a récemment connu des difficultés financières.
Avec Estreem, BNP Paribas et BPCE renforcent ainsi leur indépendance et se préparent à faire face aux évolutions du marché des paiements en Europe.