Retraites : le gouvernement fixe un cap, les partenaires sociaux au travail
Le gouvernement remet la réforme des retraites au cœur des discussions. Alors que les partenaires sociaux ont entamé leurs négociations, l'exécutif vise un retour à l'équilibre financier du système d'ici 2030, une échéance qui suscite des tensions. Syndicats et patronat doivent proposer des solutions d'ici juin, mais plusieurs membres du gouvernement n'ont pas attendu pour faire connaître leurs positions.
Un déficit croissant et un objectif fixé à 2030
La situation budgétaire des retraites reste préoccupante. Selon la Cour des comptes, le déficit du système atteindra 15 milliards d'euros en 2035 et près de 30 milliards en 2045 si aucune mesure n'est prise. Pour limiter ce déséquilibre, le gouvernement fixe un cap à 2030, un objectif déjà inscrit dans la réforme de 2023.
Le programme de travail remis aux syndicats et au patronat prévoit d'abord une analyse du rapport de la Cour des comptes, qui identifie quatre leviers possibles : le report de l'âge légal de départ, l'augmentation du nombre de trimestres cotisés, la hausse des cotisations et la désindexation des pensions sur l'inflation. Le gouvernement exclut toute interférence directe dans les négociations, mais plusieurs ministres ont déjà exprimé leurs préférences.
Éric Lombard, ministre de l'Économie, a estimé qu'"il faudra sans doute travailler plus", rappelant que le retour à 62 ans, demandé par la CGT, coûterait cher. Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, a insisté sur la nécessité d'un système équilibré : "un régime par répartition ça veut dire que ceux qui travaillent paient les retraites de ceux qui sont en retraite, donc la condition clé c'est un retour à l'équilibre", a-t-elle déclaré, citée par Les Échos.
Des tensions entre syndicats et patronat sur les mesures à prendre
Les partenaires sociaux doivent proposer une trajectoire financière, mais les désaccords restent profonds. Le Medef défend un maintien de l'âge de départ à 64 ans, voire un allongement de la durée de cotisation. Patrick Martin, son président, a déclaré au Journal du Dimanche : "Si l'on était réaliste, il faudrait peut-être même le pousser un peu plus loin". À l'inverse, la CGT exige un retour à 62 ans, un scénario dont le coût n'a pas encore été chiffré précisément par la Cour des comptes.
D'autres sujets alimentent les tensions. Le gouvernement a prévu en avril une conférence sur le travail et les salaires, en parallèle des discussions sur les retraites. Les organisations patronales s'opposent à cette initiative, redoutant que les deux sujets ne soient mêlés. Elles veulent faire passer un message clair à l'exécutif sur leur refus de négocier sous cette contrainte.
Les débats se poursuivront jusqu'en juin, mais aucun consensus ne semble émerger à ce stade. Si un accord est trouvé, "il conviendra de le transposer", a rappelé Catherine Vautrin, ministre du Travail, citée par Le Figaro. Dans le cas contraire, le gouvernement pourrait être contraint d'intervenir à nouveau.