Cinq ans après le Covid-19, la dette continue de peser
Cinq ans après les premiers confinements, les répercussions économiques de la crise sanitaire restent visibles. La dette publique accumulée pour soutenir l'activité pèse encore lourdement, tandis que l'inflation et la hausse des taux d'intérêt compliquent son remboursement.
Une dette publique toujours plus lourde
En mars 2020, face à l'arrêt brutal de l'économie, les gouvernements ont injecté des milliards pour éviter un effondrement. En France, ces mesures ont coûté plus de 250 milliards d'euros. La dette publique est ainsi passée de 98% du PIB en 2019 à 113% aujourd'hui. Aux États-Unis, elle a progressé de 106% à 121% du PIB.
Dans la zone euro, la Banque centrale européenne a mené une politique d'achat massif de dettes, ce qui a permis aux États d'emprunter à des taux bas. Le "quoi qu'il en coûte" n'a été possible qu'à ce prix, a déclaré Gilles Moëc, économiste en chef chez Axa, cité par Le Monde.
Mais cette dette devient de plus en plus coûteuse à financer. Alors qu'en 2020, la France empruntait à des taux historiquement bas, la montée des taux d'intérêt a changé la donne. Le taux moyen sur la dette française, qui était de 1,25% en 2020, est passé à 2% en 2024. Selon la Cour des comptes, la charge de la dette, qui représentait 1,2% du PIB en 2020, pourrait atteindre 3,2% en 2029.
Entre inflation et difficultés pour les entreprises
Les mesures économiques prises pendant la crise ont favorisé un retour marqué de l'inflation. Entre 2020 et 2023, les prix ont augmenté de 17% en France, 21% aux États-Unis et 22% dans la zone euro. Cette inflation a entraîné une perte de pouvoir d'achat pour les ménages. "On sait maintenant qu'ils avaient tort", a commenté Gilles Moëc, à propos des économistes qui estimaient que le financement monétaire massif ne provoquerait pas de hausse des prix. Face à cette situation, les banques centrales ont relevé leurs taux, aggravant la charge de la dette et compliquant l'accès au crédit.
Les entreprises sont aussi fortement touchées. De nombreuses PME et artisans peinent à rembourser les prêts garantis par l'État (PGE). Certaines ont étalé leurs paiements jusqu'en 2026, mais la hausse des taux d'intérêt rend le remboursement plus difficile. En Vaucluse, la présidente de la Chambre des métiers, Valérie Cacheux, constate que "certaines entreprises ont été obligées de décaler leur remboursement des PGE sur deux ans de plus, trois ans de plus. Ces entreprises ne sont pas encore sorties de leur misère", a-t-elle expliqué à France Bleu. Beaucoup de chefs d'entreprises en difficulté puisent dans leur épargne personnelle ou changent de statut pour éviter la faillite.
Des transformations économiques et un commerce perturbé
Le Covid-19 a également bouleversé l'organisation économique mondiale. La crise a révélé la dépendance des pays européens à la Chine pour certains produits essentiels, notamment dans le secteur pharmaceutique. En réponse, l'Union européenne a lancé un emprunt commun de 750 milliards d'euros pour soutenir les économies les plus touchées, notamment l'Italie et l'Espagne. Cependant, la mise en œuvre du plan a été lente, et fin 2024, seule la moitié des fonds avaient été versés, selon les données de la Commission européenne.
Les chaînes d'approvisionnement mondiales restent perturbées. Entre 2019 et 2021, l'usage des outils de communication en ligne a doublé dans les entreprises françaises, et la part du télétravail a bondi de 9% à 42% au plus fort de la crise. Mais ces nouvelles habitudes n'ont pas suffi à compenser les difficultés économiques. Certains secteurs comme le tourisme ont mis plusieurs années à retrouver leur niveau d'activité, et de nombreuses entreprises continuent d'accuser une baisse de leur chiffre d'affaires.