Ubisoft crée une filiale pour booster ses franchises phares avec Tencent

Ubisoft crée une filiale pour booster ses franchises phares avec Tencent Ubisoft réorganise ses activités en confiant ses franchises les plus rentables à une filiale dédiée. Cette restructuration vise à maximiser la rentabilité des licences phares du groupe tout en attirant de nouveaux investissements.

Ubisoft a annoncé la création d'une filiale regroupant ses licences les plus populaires, dont Assassin's Creed, Far Cry et Rainbow Six. Cette entité, valorisée à 4 milliards d'euros, accueillera Tencent à hauteur de 25% du capital, grâce à un investissement de 1,16 milliard d'euros. Ce projet vise à relancer le groupe français après une année 2024 difficile, marquée par une baisse de sa valorisation boursière et des résultats décevants.

Une filiale valorisée à 4 milliards d'euros

La nouvelle filiale d'Ubisoft prendra en charge les licences les plus lucratives du groupe. Assassin's Creed, saga emblématique lancée en 2007, a vendu plus de 200 millions de copies à travers le monde. Far Cry et Rainbow Six figurent également parmi les franchises les plus populaires et rentables de l'éditeur. Cette structure, dont la création doit être finalisée avant fin 2025, supervisera les équipes principales d'Ubisoft, notamment celles des studios de Montréal, Barcelone et Bulgarie.

Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft, a déclaré aux Echos : "Avec Tencent, nous avons un investisseur qui va nous aider à faire des trois marques hébergées dans la nouvelle entité des marques capables de générer un milliard d'euros de revenus annuels ou plus". La filiale disposera de sa propre direction, avec pour objectif de maximiser le potentiel de ces licences majeures.

Tencent injecte 1,16 milliard d'euros pour renforcer sa présence

Tencent, géant chinois du numérique, investit 1,16 milliard d'euros pour prendre 25% du capital de cette nouvelle entité. Déjà actionnaire d'Ubisoft à hauteur de 10%, Tencent s'était renforcé en 2022 en acquérant près de 50% de la holding familiale Guillemot Brothers, propriétaire de 15% d'Ubisoft. Cet investissement permet à Tencent de consolider sa position sans prendre le contrôle direct d'Ubisoft. Cependant, l'accord prévoit que Tencent ne pourra pas augmenter sa participation pendant cinq ans, tandis qu'Ubisoft conservera la majorité au capital pendant au moins deux ans.

L'apport financier de Tencent permettra également à Ubisoft de réduire sa dette, qui atteignait 1,4 milliard d'euros fin septembre 2024. Lucas Excoffier, trader chez Oddo BHF, a expliqué à l'AFP que la création de cette filiale est une "nouvelle rassurante, dans la mesure où elle aura l'avantage de réduire l'endettement du groupe, qui est problématique depuis un bout de temps", selon l'Opinion. Cette injection de liquidités atténue les craintes liées au refinancement de la dette, notamment avec 500 millions d'euros arrivant à échéance en 2026 selon des sources de la Deutsche Bank.

Un rebond porté par le succès d'Assassin's Creed Shadows

Le lancement réussi d'Assassin's Creed Shadows le 20 mars 2025 a renforcé la dynamique positive autour de cette restructuration. Le jeu a rassemblé plus de 3 millions de joueurs en une semaine, générant des revenus substantiels pour Ubisoft. Ce succès a contribué à un rebond de l'action Ubisoft, qui a bondi de 8,82% à 14,03 euros à la Bourse de Paris le 28 mars 2025.

Charles-Louis Planade, analyste chez Midcap Partners, a déclaré : "C'est un énorme ouf de soulagement pour Ubisoft. Ça donne un signal fort sur la sous-valorisation du groupe sur les marchés". Cette remontée boursière traduit la confiance des investisseurs dans la capacité d'Ubisoft à restructurer efficacement ses actifs stratégiques.

Cependant, cette réorganisation soulève des questions sur l'avenir des licences secondaires d'Ubisoft, comme Prince of Persia, Just Dance ou Les Lapins Crétins, qui ne sont pas incluses dans la nouvelle filiale. Plusieurs analystes envisagent des cessions potentielles pour alléger les coûts et permettre à Ubisoft de se concentrer sur ses franchises les plus rentables. Charles-Louis Planade évoque même la possibilité d'une "cure d'amaigrissement" au sein des autres studios de l'éditeur.