Croissance 2025 : la France revoit ses chiffres face aux tensions douanières
Le gouvernement a abaissé sa prévision de croissance pour 2025 à 0,7%, contre 0,9% initialement prévu. Une décision prise dans un contexte d'incertitude lié à la guerre commerciale engagée par les États-Unis.
Une révision qui reflète la dégradation du contexte international
Ce mercredi, Éric Lombard a annoncé sur TF1 que la France revoit à la baisse sa prévision de croissance pour 2025. Le ministre de l'Économie a précisé que "le 0,7 % est ce qui sera présenté en conseil des ministres la semaine prochaine", cite Le Monde. Cette révision s'aligne sur celle opérée par la Banque de France en mars dernier, également fixée à 0,7%, et se rapproche de celle de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui l'a abaissée à 0,5%.
La correction de deux dixièmes de point représente environ 6 milliards d'euros de richesse nationale en moins et, selon Les Échos, une perte potentielle de 3 milliards d'euros de recettes fiscales et sociales pour l'État. Le Haut Conseil des finances publiques avait, dès le début de l'année, jugé que le scénario d'une croissance de 0,9% était "atteignable mais un peu optimiste".
Le ralentissement de l'économie française s'inscrit dans un contexte de tensions commerciales accrues. Donald Trump a suspendu certaines surtaxes douanières pour une durée de 90 jours, à l'exception de celles visant la Chine, désormais relevées. Ce changement de posture intervient alors que plusieurs économies européennes ajustent également leurs prévisions. L'Italie, plus exposée à ces mesures que la France, a annoncé le 9 avril une baisse de moitié de sa propre prévision de croissance, désormais à 0,6%.
Selon la Banque de France, la guerre commerciale devrait amputer la croissance de la zone euro de 0,25 point en 2025. L'impact serait moindre en France qu'en Allemagne ou en Italie, mais reste significatif dans un contexte de fragilité économique.
Objectif de déficit maintenu, réduction des dépenses en cours
Malgré cette révision, le gouvernement maintient son objectif de déficit public à 5,4% du PIB en 2025. Pour y parvenir, un effort supplémentaire sur les dépenses a été engagé. Le ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé une réduction de 5 milliards d'euros dans les crédits des ministères. Ces économies seront réparties entre des annulations et une mise en réserve budgétaire. Les arbitrages ministériels seront précisés lors de la conférence sur les finances publiques prévue le 15 avril.
Interrogé sur un éventuel recours à la fiscalité, Éric Lombard a affirmé : "Nous ne ferons ni plus, parce qu'il faut tenir l'objectif de réduction du déficit, ni moins, parce que nous ne voulons pas aggraver la situation", selon des propos relayés par Le Figaro. Il a également exclu toute hausse d'impôts en 2025.
Concernant les entreprises pénalisées par les surtaxes américaines, le ministre a rappelé qu'elles seraient "accompagnées", tout en précisant que "le temps du 'quoi qu'il en coûte' est terminé puisque la situation budgétaire ne le permet pas". La décision de ne pas reconduire la surtaxe sur les grandes entreprises en 2026 a également été confirmée.
Dans ce climat instable, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a salué un "début de retour à la raison économique" tout en mettant en garde sur la "grande imprévisibilité" de la politique américaine, estimant qu'elle "joue contre la confiance et contre la croissance".