Face à Donald Trump, Bruxelles envisage une taxe européenne ciblant les géants de la tech US
Bruxelles envisage de taxer les services numériques américains si la suspension temporaire des surtaxes douanières décidée par Donald Trump ne débouche pas sur un accord commercial jugé équilibré par l'Union européenne.
Droits de douane maintenus et riposte conditionnelle de l'Union
Le 10 avril, Donald Trump a suspendu pendant 90 jours l'application de nouveaux droits de douane sur les produits européens, notamment une surtaxe prévue de 20%. Toutefois, les taxes existantes sur l'acier, l'aluminium et les automobiles — respectivement de 25%, 25% et 10% — restent en place.
Dans une interview au Financial Times publiée ce 11 avril, Ursula von der Leyen a déclaré que l'Union européenne était prête à prendre des contre-mesures si les discussions n'aboutissaient pas. Parmi celles-ci figure une taxe sur les revenus publicitaires des plateformes numériques américaines.
Elle a également évoqué l'activation de l'instrument anti-coercition, dispositif permettant de restreindre l'accès aux marchés publics européens ou de bloquer certains investissements étrangers.
Contestations américaines et position de Bruxelles
L'administration américaine critique des mesures jugées défavorables à ses exportations, comme l'application de la TVA ou les régulations européennes sur la technologie et les contenus numériques.
Ursula von der Leyen a écarté toute révision de ces règles. Elle a qualifié les lois européennes encadrant la technologie d'"intouchables", selon Les Echos, et a exclu toute négociation sur la TVA. Le même jour, elle a annoncé la suspension de certains droits de douane européens en réponse au gel américain, tout en indiquant que cette mesure restait réversible.
Le président Emmanuel Macron a qualifié cette pause de "fragile" et a appelé, via le réseau X, à mobiliser "tous les leviers disponibles" pour protéger les intérêts européens.
Réactions internationales et climat d'incertitude
Le président chinois Xi Jinping a appelé, ce 11 avril également, à une coopération entre la Chine et l'Union européenne "pour résister ensemble à toute coercition unilatérale", selon Le Monde. Au même moment, la Chine a relevé ses droits de douane sur plusieurs produits américains, atteignant jusqu'à 125%.
Ursula von der Leyen a estimé que "le coût de l'incertitude que nous traversons aujourd'hui sera lourd", alors que les marchés financiers ont enregistré des baisses à la suite des annonces de Washington. Les ministres des Finances européens se sont réunis en Pologne pour examiner les options disponibles durant cette période de 90 jours.