Droits de douane : l'Europe tente de rééquilibrer la balance avec une offre XXL à Washington
L'Union européenne propose d'augmenter de 50 milliards d'euros ses achats de produits américains pour tenter d'obtenir la levée des surtaxes commerciales imposées par les États-Unis.
Une offre équivalente au déficit contesté
Le 1er mai 2025, Maros Sefcovic, commissaire européen en charge du Commerce, a annoncé que l'Union européenne envisageait d'augmenter de 50 milliards d'euros ses achats de biens américains, notamment du gaz naturel liquéfié (GNL) et du soja. Cette proposition vise à réduire ce que Washington considère comme un déséquilibre dans les relations commerciales UE-USA. Dans un entretien accordé au Financial Times, Maros Sefcovic a déclaré : "Si nous considérons que le déficit s'élève à 50 milliards d'euros, je pense que nous pouvons vraiment résoudre ce problème très rapidement grâce aux achats de GNL, ou certains produits agricoles comme le soja", relayé par Les Echos.
L'administration américaine, dirigée par Donald Trump, estime que le déficit commercial avec l'Europe atteint plusieurs centaines de milliards de dollars. L'Union européenne conteste ce chiffre et affirme que ce déficit, une fois les services inclus, se limite à 50 milliards d'euros. L'offre transmise à Washington repose donc sur cette estimation.
La proposition a été présentée aux représentants américains au commerce, Jamieson Greer et Howard Lutnick. Elle intervient dans un contexte de tensions tarifaires accrues depuis le mois d'avril, où les États-Unis ont instauré une surtaxe de 25% sur l'aluminium, l'acier et les véhicules importés d'Europe, et de 10% sur d'autres produits. En réponse, l'Union européenne a suspendu jusqu'au 14 juillet ses droits de douane de rétorsion sur 21 milliards d'euros de produits américains, notamment des motos Harley-Davidson, des vêtements et de la volaille.
Des négociations sous contrainte
Le plan européen s'inscrit dans un cadre institutionnel strict. Les négociations commerciales relèvent de la compétence exclusive de la Commission européenne, mais tout accord devra ensuite être validé à l'unanimité par les 27 États membres, puis ratifié par le Parlement européen.
Maros Sefcovic a jugé "très difficile" de parvenir à un compromis satisfaisant, déclarant que l'accord devait être "clairement bon et acceptable pour nos États membres et notre Parlement européen", cité par Libération. Interrogé sur l'hypothèse d'un accord maintenant un seuil minimum de 10% de droits de douane, il a estimé que cela représentait un "niveau très élevé", ce qui laisse entendre que l'Union n'acceptera pas une simple atténuation des surtaxes actuelles.
Selon La Libre, la Commission européenne tente également d'inclure dans le calcul du solde commercial les exportations américaines de services vers l'Europe. Cette approche vise à ramener le déficit à un niveau que Bruxelles juge plus réaliste et à montrer que l'Union contribue déjà à l'équilibre des relations commerciales UE-USA.
Les capitales européennes ont exprimé leur soutien à la reprise des discussions, tout en restant prêtes à réintroduire des mesures de rétorsion en cas d'échec. La position de l'Union reste donc suspendue à l'évolution des échanges avec Washington dans les prochaines semaines.