SFR sur le marché : une vente à 30 milliards d'euros se prépare en coulisses
Altice France, maison mère de SFR, envisage une cession partielle ou majoritaire de l'opérateur télécom. Plusieurs acheteurs potentiels ont déjà reçu des informations sur l'entreprise.
Un opérateur en recul, un groupe endetté
Depuis 2023, SFR a perdu près de 1,5 million d'abonnés, selon Les Numériques, avec une base clients estimée à environ 4 millions fin 2024. Ce recul s'accompagne d'une réduction de son maillage physique : plus de 30 boutiques devraient fermer à partir de juillet 2025, dans le cadre d'un recentrage vers un modèle numérique.
La vente de SFR intervient dans un contexte de dette élevée pour Altice. D'après Bloomberg, le groupe dirigé par Patrick Drahi est engagé dans un plan de réduction de sa dette, qui s'élève à plus de 24 milliards d'euros. En février 2025, un accord signé avec la majorité de ses créanciers a permis de l'alléger de 8,6 milliards. Mais Altice, qui possède 55% de SFR, cherche désormais à céder une participation majoritaire, ce qui valoriserait l'opérateur jusqu'à 30 milliards d'euros, dette incluse.
Les informations financières ont été transmises à plusieurs acteurs du secteur. Certains d'entre eux n'excluraient pas une acquisition partielle ou conjointe, incluant la possibilité d'une scission. La filiale d'infrastructure XpFibre pourrait être cédée séparément, tout comme les pylônes partagés avec Bouygues Telecom.
Plusieurs acquéreurs potentiels en lice
Les Échos précisent que Bouygues Telecom, Orange et Iliad ont fait appel à des conseillers pour étudier une possible transaction. Ces trois groupes représentent, avec SFR, la quasi-totalité du marché français. Bouygues est lié à SFR depuis 2014 par un accord de mutualisation de réseaux. Iliad, maison mère de Free, pourrait renforcer sa présence nationale. Orange figure aussi parmi les intéressés.Titre2
À l'international, Emirates Telecommunications Group, aussi appelé E&, a également manifesté son intérêt pour une entrée au capital. Il est évoqué par ailleurs l'intérêt de fonds d'investissement comme KKR et Ardian. Certains de ces acteurs n'examineraient que certaines activités de l'opérateur, dans la perspective d'une répartition progressive des actifs.
Pour l'heure, aucune offre publique n'a été annoncée. Un porte-parole d'Altice indique que le groupe reste concentré sur l'application de l'accord de dette et sur l'amélioration commerciale de SFR. Les représentants des opérateurs mentionnés n'ont pas fait de commentaires à ce stade.
Un processus encadré et encore incertain
La réalisation d'une vente dépendra des conditions de finalisation du plan de désendettement d'Altice France. Certaines parties prenantes considèrent la valorisation avancée comme une simple extrapolation par rapport à celle observée début 2025.
Par ailleurs, toute évolution du capital de SFR nécessitera des validations réglementaires. L'Autorité de la concurrence pourrait être saisie dans le cas d'une reprise par un opérateur français. Si un acteur étranger entre au capital, la Commission européenne pourrait également être amenée à se prononcer.
Les discussions sont à un stade précoce. Aucune garantie ne permet d'affirmer que la transaction aboutira. Les différents scénarios envisagés, du rachat intégral à une cession partielle, restent ouverts.